Black-rot dans les vignes : quels sont les gestes qui sauvent
Considéré comme une maladie secondaire pendant plusieurs année, le black-rot concerne aujourd’hui la plupart des vignobles en France. Le champignon profite de la météo clémente et de la moindre faille dans la couverture phytosanitaire pour se développer.
En 2013 et 2015, par exemple, le black-rot est apparu avant les premiers traitements oïdium et mildiou, prenant de court les viticulteurs. Depuis ce coup de semonce, la vigilance est de mise !
Pour 2019, les experts de "Parlons Vrai, parlons Vigne !" de BASF France division Agro, recommandent d’être attentif du débourrement à la véraison. En effet, les conditions climatiques des derniers millésimes n’expliquent pas, à elles seules, la résurgence du black-rot.
Malheureusement, certaines bonnes pratiques d’un point de vue agronomique peuvent s’avérer favorables à la maladie.
Travail du sol
Un enherbement, s’il est mal maîtrisé, favorise ainsi la conservation de l’inoculum. Au contraire, le travail du sol, réalisé en vue d’enfouir les organes de conservation du black-rot, peut limiter les contaminations au printemps.
Il reste néanmoins très important de ne pas les remettre au jour trop tôt. Le décavaillonnage devra être réalisé le plus tard possible afin de retarder au maximum la maturation des périthèces.
Mécanisation des travaux de la vigne
La machine à vendanger ne décroche pas les baies momifiées par le black-rot et celles-ci servent d'inoculum pour l'année suivante. Le prétaillage, quant à lui, en découpant les rameaux, empêche leur ramassage optimal. La taille rase de précision, en laissant un « hérisson de bois », maximise la probabilité que les ceps hébergent des chancres contaminés par le black-rot.
Dans l’idéal, l’élimination manuelle des organes atteints par le black-rot (rafles, chancres sur les bois, etc.), contribueraient à un meilleur état sanitaire de la parcelle.
Broyage des sarments
Si le broyage des sarments est source de carbone pour les organismes du sol, le maintien de cette pratique sur les parcelles touchées par le black-rot empêche toute possibilité de contenir la maladie l’année suivante. Les périthèces, responsables des contaminations primaires, passent en effet l’hiver sur les bois, les baies desséchées et les vrilles. Sortir les bois de taille des parcelles est la mesure prophylactique incontournable.
Contrecoup de la lutte raisonnée
Pour David Claudel, Responsable Agronomique Vigne BASF, une autre cause de ce phénomène, c’est le contrecoup de la lutte raisonnée :
- Les BSV et les prescripteurs conseillent depuis quelques années d’attendre l’apparition des premières tâches pour déclencher la lutte contre le mildiou et donc contre le black-rot. Alors que les toutes premières contaminations du black-rot peuvent arriver avant celles du mildiou.
- Dans la lutte contre le mildiou et l’oïdium, on a aussi moins utilisé ces dernières années certaines familles chimiques comme les dithiocarbamates et les QoI. Or ces deux familles chimiques sont, avec les IBS, parmi les plus efficaces pour lutter contre le black-rot.
- Enfin, la lutte raisonnée contre le mildiou et l’oïdium a pu conduire à des arrêts de protection précoces. Or, la lutte anti black-rot doit se poursuivre jusqu’à la véraison.
A NOTER : le black-rot a des exigences physiologiques faibles
Le cumul de facteurs favorables à cette maladie est très difficile à juguler une fois en place. Le black-rot, contrairement à d’autres champignons comme le mildiou, a des exigences physiologiques faibles.
Dès 9 °C, les premières contaminations sur feuilles peuvent se produire. De floraison à fin véraison, une protection sans faille des grappes est nécessaire. La protection phytosanitaire doit donc être raisonnée dès l’apparition des grappes mais aussi en amont.