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Lutte contre l'oïdium de la vigne : « Bien protéger en préventif »

Pour maîtriser la pression oïdium, une bonne gestion des traitements, du choix des produits et du réglage pulvé sont nécessaires. Deux vignerons nous expliquent leur stratégie anti-oïdium : Bertrand Darviot, cultivant 8 ha en Bourgogne à Meursault, et Julien Grill, sur 27 ha au Mas Cristine dans les Côtes du Roussillon.

Sur vos vignobles, comment évolue la pression oïdium depuis quelques années ?

  • Bertrand Darviot, vigneron à Meursault (Bourgogne) : La pression oïdium a fortement augmenté depuis quelques années, surtout en 2012 et 2013, alors qu’il y a 20 ans, elle était quasiment absente. En 2014, les conditions météo ont été moins favorables à la maladie. Chez nous, le chardonnay est bien touché, avec des témoins non traités détruits à 100 % à mi-saison. Le pinot noir est presque indemne, malgré quelques foyers, d’où l’importance de bien le protéger en préventif pour éviter de voir des apparitions d’oïdium difficiles à maîtriser ensuite.


  • Julien Grill, vigneron à Argelès-sur-Mer (Roussillon) : Depuis deux ans, nous avons de plus en plus de difficultés à maîtriser l’oïdium sur nos parcelles, avec l’obligation d’employer des produits curatifs quand les préventifs ne suffisent plus. La pression est présente tout au long de la saison, en début de cycle sur les cépages sensibles, comme le carignan ou le macabeu, et plus tard, après fermeture de la grappe, pour d’autres comme la roussanne et la marsanne.

Quelle est votre stratégie de traitement ? Comment organisez-vous vos interventions ?

  • Bertrand Darviot : Je fais partie du groupe Dephy et je bénéficie ainsi des conseils de la Chambre d’Agriculture de Côte-d’Or pour établir mes interventions phyto. Grâce à leur bulletin d’informations hebdomadaire, j’organise mes passages, selon la pression oïdium, les produits utilisés et la météo. En 2014, j’ai réalisé neuf traitements anti-oïdium, avec un premier passage au soufre à 5 kg/ha le 8 mai au stade 8 feuilles, suivi d’un passage tous les 8-15 jours jusqu’au 28 juillet. Le but est de varier les matières actives selon les recommandations d’emploi aux différents stades pour ne pas favoriser de résistance. Le prix ne rentre pas en compte ; seule la bonne protection est importante. Sur les parcelles de rouge et de blanc, les traitements sont les mêmes. Si le pinot noir est moins sensible, une gestion préventive est essentielle pour éviter qu’il soit touché, avec des conséquences moins évidentes à gérer.

  • Julien Grill : De notre côté, nous organisons la lutte anti-oïdium en fonction des cépages. Sur le carignan plus sensible, nous commençons les traitements plus tôt en début de végétation, à 3-4 feuilles. Si le temps le permet, nous allongeons la cadence de passage à 14 jours, avec un arrêt à la véraison et un dernier soufre. Pour les roussannes et marsannes, avec des problèmes oïdium plus tardifs, nous employons des produits plus curatifs en fin de cycle et du soufre, mouillable ou en poudre. En 2014, nous avons réalisé globalement sept traitements anti-oïdium. L’association soufre mouillable avec les anti-oïdium ne fonctionne pas trop mal, avec une dose de 3 l/ha en association, contre 5-6 l/ha pour le soufre seul.

La stratégie anti-oïdium est-elle organisée en propre ou couplée avec celle anti-mildiou ou celle anti-black-rot ?

  • Bertrand Darviot : En général, c’est l’oïdium qui pilote. Avec des rémanences de traitements anti-oïdium de 10 à 15 jours, contre 8-10 jours pour les anti-mildiou, l’objectif est de ne pas avoir de trous dans la couverture anti-oïdium ; donc des traitements qui se chevauchent. Le mildiou est mieux connu, et plutôt bien maîtrisé, contrairement à l’oïdium que nous découvrons et qui nous fait peur. Pour les traitements anti-black-rot, il nous arrive de coupler avec les passages anti-oïdum, selon la pression et les produits. En 2014, où la pression black-rot n’était pas très forte, nous avons réalisé quatre passages en couplage avec l’anti-oïdum.

  • Julien Grill : Ici, nous n’avons pas de problèmes de black-rot. La lutte anti-oïdium est couplée avec celle anti-mildiou, mais c’est bien l’oïdium qui prévaut, car la pression mildiou est moindre, sauf quelques années à forte pression. Depuis deux ans, le mildiou est maîtrisé avec uniquement des passages de bouillie bordelaise, avec en moyenne sept passages à 2-3 kg/ha.

Avez-vous déjà subi des effets de l’oïdium sur vos vendanges puis vos vins ?

  • Bertrand Darviot : En cas de grosse pression oïdium, les raisins ont du mal à arriver à maturité, et donc, le taux de sucre peut diminuer, et amener un goût désagréable au vin. Les rendements peuvent aussi être touchés! Mais grâce à une bonne stratégie de traitements, avec des passages en préventif, nous arrivons à maîtriser assez correctement la maladie comme en 2012 et 2013, et au final ne pas subir les conséquences sur le vin.

  • Julien Grill : Nous avons déjà eu un problème oïdium sur le cépage roussanne, attaqué tardivement, avec des pertes de récolte et une moindre qualité. Mais en traitant efficacement, et grâce aux vendanges et aux tris manuels, nous arrivons à réduire la pression et éliminer les raisins touchés. Cependant, l’augmentation de la pression oïdium depuis quelques années rend la maîtrise plus compliquée.

Avez-vous une action pour vérifier la qualité de la pulvérisation ?

  • Bertrand Darviot : Je fais réviser mon pulvérisateur à pendillards avec buses à jet plat une fois par an au banc de contrôle. Tous les traitements ou deux traitements, je refais des réglages moi-même grâce à des papiers hydrosensibles. Mon matériel de pulvérisation n’est peut-être pas récent, mais il est bien réglé, contrairement à des équipements modernes très performants, dont les réglages ne sont pas toujours vérifiés…

  • Julien Grill : J’utilise un pulvérisateur Cima avec aéroconvecteur qui a 10 ans. Je réalise la visite obligatoire de contrôle et en 2015, je vais moi aussi essayer les papiers hydrosensibles, afin de vérifier la qualité de pulvérisation. Pour assurer aussi la bonne application des produits, nous réalisons chaque année un gros travail d’effeuillage au niveau de la grappe sur les cépages sensibles à l’oïdium, pour optimiser l’effet des molécules.

Quelques chiffres sur l'oïdium

1845C’est la date d’arrivée de l’oïdium de la vigne en provenance des USA. Le premier d’une longue série. Phylloxera, mildiou, puis black-rot ont suivi dans les 30 années suivantes.
11C’est le nombre de familles chimiques à disposition des viticulteurs pour traiter contre l’oïdium.
6,37C’est le nombre moyen de traitements contre l’oïdium en 2014 en France. (source : panel ADequation)
5%C’est le seuil limite au-dessus duquel la présence de grappes très touchées par l’oïdium altère la qualité du vin.
95€/haC’est le coût moyen de la protection anti-oïdium en France en 2014. (source : panel ADequation)

Seuils de nuisibilité, historique de la parcelle, date du premier traitement, qualité des produits, qualité de la pulvérisation…

La lutte contre l'oïdium ne doit pas s'arrêter au critère « coût du programme »... Une étude menée conjointement par BASF et l’Institut Coopératif du Vin révèle tout l'intérêt d'une stratégie intégrant produits performants et dates d'application.

L’oïdium peut avoir des impacts quantitatifs très importants sur la récolte. Tous les symptômes sur grappe ne sont pas visibles au moment de la récolte. Les pertes totales de rendement sont donc souvent sous-estimées, selon Jacques Rousseau, du groupe ICV (Institut coopératif du vin), car elles surviennent souvent beaucoup plus tôt, juste après la floraison.

Comment lutter efficacement contre les principales maladies de la vigne - mildiou, oïdium et botrytis - en respectant les principes d'une viticulture durable ?

Nos solutions anti-oïdium de la vigne

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