« Une pression oïdium très forte et très précoce dans le Val de Loire »

L’ouest de la France a connu cette année une sécheresse historique qui a impacté les rendements, de façon hétérogène. Elle a aussi préservé les vignes du mildiou, mais l’oïdium s’est manifesté dans le Val de Loire, et de façon extrêmement précoce. La qualité est au rendez-vous. Alors que les vendanges sont en train de se terminer, retour avec Christian Jacob, sur la campagne.

Comment s’est déroulée l’année 2022 pour la vigne dans votre région ?

L’année a une nouvelle fois, été très particulière d’un point de vue climatologie, complètement à l’opposé de 2021. Elle a été marquée par un gros déficit de pluies dès le début de la campagne. Il a plu en mai 2022, à Cognac, au total, 14 mm contre 73 mm pour le même mois en moyenne décennale, et à Tours, 12 mm, contre 70 mm pour la moyenne décennale. En juin, la pluviométrie a été à peu près normale en Charente, mais le Val de Loire a accusé à nouveau, un très fort déficit hydrique. En juillet, il est tombé selon les secteurs, de 2 à 20 mm d’eau, voire localement 50 mm, à Tours et Cognac par exemple, mais avec des températures caniculaires !

On a également observé quelques situations de gel en début de campagne, dans certains secteurs, du Muscadet notamment, et quelques dégâts de grêles localement, en Charente, autour de Cognac.

Quel a été l’impact de ces conditions très particulières sur les maladies ?

La pression mildiou a été très faible partout. Compte-tenu des conditions très sèches, les contaminations n’ont pas pu se produire en mai, et le mildiou est resté très discret pendant toute la campagne. Les viticulteurs ont par contre, dû faire face à très forte pression oïdium dans le Val de Loire. Déjà amorcée en 2021, la présence de la maladie s’est véritablement confirmée cette année, surtout sur chardonnay, très sensible à l’oïdium, mais aussi sur d’autres cépages. La maladie s’est également installée de façon extrêmement précoce, dès le stade 2-3 feuilles. En Charentes, le black-rot monte aussi en puissance depuis deux ou trois ans, et malgré une protection importante, certaines parcelles ont été impactées. Comme depuis deux ou trois ans, nous avons observé très peu de vols de tordeuses.

Quelle aurait été la bonne stratégie de protection cette année ?

Le mildiou a été très bien contrôlé partout. Contre les attaques précoces d’oïdium, les applications de soufre au stade 5-6 feuilles n'ont pas suffi pour contenir la maladie. Il aurait fallu intervenir très tôt, sur cépages sensibles, et dans les parcelles où la maladie est historiquement présente, avec des produits performants type Vivando®, Yaris® ou Collis® . La lutte contre le black-rot devient une préoccupation car nous allons vers la disparition dans les cahiers des charges, de molécules efficaces contre la maladie.

Les vendanges sont en train de se terminer. Comment se sont-elles passées ?

Elles ont démarré très tôt, vers le 20-25 août dans le Val de Loire et sont en train de se terminer. Les rendements sont très hétérogènes, et vont du simple au double, en fonction du type de sols et de la pluviométrie. Certains ont eu la chance de bénéficier d’un orage au bon moment. En Cognac, certains n’attendront pas le rendement maximum autorisé de 14,73 hl d’alcool pur, d’autres le dépasseront largement. La qualité est par contre partout au rendez-vous.

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