Gestion du désherbage en Lorraine face aux résistances

Henri Thiriet est agriculteur en polyculture-élevage, à Valhey. Matthieu Huertas est agent de relation culture à la coopérative agricole de Lorraine. Ils nous présentent leurs solutions pour réduire la pression des adventices résistantes aux herbicides dans les parcelles de céréales.

« Les problèmes de résistance, je ne connais pas ! »

Henri Thiriet, agriculteur en polyculture-élevage, à Valhey

En combinant usage raisonné des herbicides et mesures agronomiques sur ses 50 hectares de céréales, Henri Thiriet est parvenu à éviter les problèmes de résistance des graminées aux herbicides auxquels bon nombre de ses collègues sont confrontés.

« J’adapte mon itinéraire technique tous les ans après une analyse à l’échelle de chaque parcelle. Avec mon conseiller cultures, je prends en compte l’historique des interventions sur les trois dernières années ainsi que le type d’adventices présentes. Résultat : j’ai réduit mon utilisation d’herbicides tout en préservant le rendement.
Je favorise le désherbage d’automne pour frapper tôt les mauvaises herbes. Je n’interviens au printemps que si c’est nécessaire. L'herbicide est positionné au moment du semis ou au stade deux-trois feuilles en post-levée.
Je combine ma stratégie phytosanitaire à des mesures agronomiques. J’ai, par exemple, allongé ma rotation avec des cultures de printemps. L’objectif est d’épuiser l’adventice et de casser le cycle de la plante indésirable. Avec deux cultures de printemps successives, on arrive à nettoyer parfaitement une parcelle. »

« Les agriculteurs viennent peu à peu au désherbage d’automne »

Matthieu Huertas, agent de relation culture à la coopérative agricole de Lorraine, secteur de Blamont

Les agriculteurs de Lorraine sont fortement touchés par la présence de mauvaises herbes résistantes aux produits phytosanitaires. Matthieu Huertas les pousse à adopter des pratiques agronomiques qui cassent le cycle des adventices et à passer au désherbage d’automne.

« En Lorraine, la résistance des mauvaises herbes aux produits phytosanitaires rend le désherbage de printemps très compliqué. Cette année, son efficacité a varié de 30 à 90% selon les parcelles. Le problème est tel que certains agriculteurs se découragent et envisagent de diminuer leurs surfaces de céréales. Face à cette situation, nous encourageons les pratiques agronomiques qui permettent de réduire la pression en adventices. Notamment celles qui cassent le cycle des mauvaises herbes.
Le faux-semis C’est la technique la plus efficace dans notre région. Nous la conseillons dès que les situations de sol et de climat le permettent.
Les rotations Nous recommandons de les allonger. Ceux qui font de l’élevage peuvent, par exemple, implanter de l’herbe, qui servira à nourrir les animaux.
Le labour Il permet d’enfouir profondément les graines pour leur faire perdre leur capacité de germination. Nous recommandons d’alterner les années avec et sans labour.
Nous cherchons aussi à diversifier les matières actives, mais l’éventail de solutions se restreint d’année en année.
Nous encourageons enfin le désherbage d’automne. Aujourd’hui, il n’est pratiqué que par 15 ou 20% des agriculteurs que je suis. Cette stratégie de désherbage n’est pas entrée dans les mœurs, notamment parce que les éleveurs sèment le blé après le maïs, donc assez tardivement. Du coup, les conditions climatiques ne sont pas toujours au rendez-vous pour réaliser un désherbage à l’automne. J’essaie de leur expliquer qu’on peut contourner la difficulté en appliquant l’herbicide pendant le semis. Peu à peu, les choses bougent. »

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Les céréaliers sont confrontés à une diminution de l’efficacité du désherbage dans leurs parcelles. Un phénomène qui tient à la pression grandissante de graminées résistantes, notamment aux herbicides de printemps. Ils doivent alors se tourner vers d’autres itinéraires, incluant des solutions chimiques et agronomiques.

Chercheur à l’Institut national de la recherche agronomique (Inra) de Dijon, Nicolas Munier-Jolain travaille à la réduction des herbicides dans les systèmes céréaliers. Des leviers agronomiques au désherbage de précision, il présente l’éventail des solutions disponibles et esquisse des pistes intéressantes pour l’avenir.

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