Vigne et environnement : l’accord parfait est-il possible ?

De la parcelle d’essai à l’exploitation : l’innovation au cœur de la vigne

Tester et déployer ce qui fonctionne, la méthode du Château de la Rivière pour faire face aux défis du vignoble bordelais

Convaincu que seule l’expérimentation sur le terrain permet de faire avancer la viticulture, le Château La Rivière assume une philosophie simple mais déterminante : « utilisons ce qui fonctionne ! ». Cette approche illustre un mouvement plus large dans le monde viticole, où l’innovation s’impose comme levier de transformation.

Depuis quatre ans, le Château de la Rivière transforme son vignoble en véritable laboratoire à ciel ouvert. L’équipe y déploie de nouveaux itinéraires agroécologiques mêlant outils d’aide à la décision, biocontrôle, technologies numériques et molécules de nouvelle génération.

L’enjeu : confronter ces approches aux réalités du terrain pour en mesurer concrètement l’efficacité. Ici, pas de recherche déconnectée : chaque solution testée doit démontrer sa valeur pour être adoptée à l’échelle du domaine. Une fois validées, elles s’intègrent naturellement aux pratiques courantes.

Au Château de la Rivière, l’innovation n’est pas un mot-clé, c’est une méthode.

Un domaine engagé en faveur de l’agroécologie

  • Pionnier dans l’utilisation de la confusion sexuelle pour maîtriser les populations de papillons ravageurs de la vigne,
  • Labellisé Haute Valeur Environnementale de niveau 3,
  • Adhérent au SME (Système de Management Environnemental),
  • Zone Natura 2000, avec la protection notamment de quelques espèces de chauve-souris,
  • A mené le programme BiodiversID (programme pour développer la biodiversité dans les territoires agricoles) de 2013 à 2018,
  • Signataire en 2018 d’une convention avec le Conservatoire d’espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine, le château n’abrite pas moins de 8 espèces de chauve-souris, 30 hectares de zones boisées et 1 000 mètres de haies.

Un panel de solutions éprouvées

1. Prédire les risques de maladies et d’attaques de ravageurs à J-7 : Agrigenius® by Horta, le nouveau service d’aide à la décision destiné à la viticulture

Agrigenius® by Horta est le service de pilotage de la vigne le plus complet du marché français. Il est le seul à utiliser des modèles mécanistes basés sur le cycle de vie du pathogène. Ils prédisent ainsi le développement du facteur biologique en fonction des variables externes qui l’influencent, contrairement aux modèles empiriques utilisés par les autres outils d’aide à la décision (OAD) du marché.


Un portefeuille complet de fonctionnalités

Agrigenius® by Horta prédit le risque réel lié aux quatre maladies principales de la vigne : mildiou, oïdium, black-rot et botrytis. Il modélise également le développement de quatre ravageurs majeurs : l’eudémis, la cicadelle de la flavescence dorée, la cryptoblabe et la cochenille farineuse. L’outil aide les viticulteurs à piloter les apports en engrais (azote, phosphore, potassium) ainsi que l’irrigation. Il fournit aussi des indications sur les dommages liés aux stress abiotiques, comme les vagues de chaleur ou de froid. Grâce aux cartes NDVI (Normalized Difference Vegetative Index), il permet de suivre le niveau de chlorophylle de la vigne.

Enfin, les viticulteurs ont la possibilité de visualiser à tout moment le niveau de risque (passé, actuel et à venir) ainsi que le niveau de protection des parcelles, leur conférant une traçabilité optimale.


Une diminution moyenne de 30 à 40 % des applications

Partout en Europe, et notamment en France, des essais ont été menés pour mesurer l’impact des outils de modélisation sur les principales maladies de la vigne.

Le principe : adapter les traitements au risque réel, et non systématique, de développement des pathogènes. Les résultats sont sans appel. En dix ans, ces démarches ont réduit en moyenne de 30 à 40 % le nombre d’applications sans jamais mettre en péril la récolte des viticulteurs. Un gain à la fois économique, environnemental… et agronomique.


Un outil testé et approuvé sur le terrain

Le service Agrigenius® by Horta, proposé par BASF à tous les viticulteurs en 2025, a été utilisé par le Château de la Rivière dès 2023, dans le cadre de son partenariat avec l’entreprise. D’abord déployé sur quelques parcelles d’essais, il est aujourd’hui déployé sur l’ensemble du domaine. L’outil est ainsi testé dans diverses configurations parcellaires et sous différentes conditions climatiques.

Les applications les plus fréquentes concernent la détection précoce du mildiou, le suivi des pontes de ravageurs et la planification optimisée des traitements phytosanitaires.

Thomas Dô Chi Nam, Responsable technique du Château de la Rivière

« Grâce à Agrigenius® by Horta, je peux affiner mes décisions et choisir le meilleur moment pour intervenir selon la pression maladie. Je pilote les interventions sur plusieurs îlots, chacun ayant ses propres contraintes. L’utilisation d’Agrigenius® by Horta nous a fait économiser environ un traitement complet l’année dernière, en période de forte pression du mildiou, grâce à un pilotage plus précis des interventions.»

Thomas Dô Chi Nam, Responsable technique du Château de la Rivière

  • Des résultats concrets

L’efficacité de l’outil se vérifie également dans le domaine entomologique : un suivi a été réalisé l’an dernier et a montré une corrélation au niveau des vols d’Eudemis entre les observations terrain et la modélisation Agrigenius® by Horta.

  • Une collaboration à double sens

Riche en fonctionnalités, Agrigenius® by Horta demande une certaine prise en main. « C’est pourquoi l’accompagnement de BASF est précieux », affirme le responsable technique du Château de la Rivière.

  • Et demain ?

Pour la campagne 2025, plusieurs modules seront explorés de façon plus poussée : fertilisation, suivi de l’oïdium, gestion du botrytis et contrôle des vers de grappe. Des ajustements sont également prévus sur l’ergonomie de l’interface, à la suite de retours d’utilisateurs.

Mariel Delasalle, Responsable Technique et Réglementaire chez BASF

« C’est grâce à des exploitations comme le Château de la Rivière que nous pouvons faire évoluer nos services. Les échanges réguliers, les tests sur le terrain nous permettent d’ajuster notre offre aux réalités du terrain et aux besoins des viticulteurs français. »

Mariel Delasalle, Responsable Technique et Réglementaire chez BASF

Accompagner, déployer, convaincre : la méthode d’Inovitis

Le Château de la Rivière n’est pas le seul à tester Agrigenius® by Horta. Dans le Sud-Ouest, Inovitis, pôle viticole du Groupe Coopératif Maïsadour, a précommercialisé la solution auprès de plusieurs profils d’exploitations.

Les campagnes difficiles de 2023 et 2024 ont mis en évidence le besoin d’outils précis, capables d’accompagner les décisions au plus près du terrain.

Pour y répondre, Inovitis a identifié une dizaine de structures viticoles — exploitations de 20 à 100 hectares, mais aussi une coopérative — afin d’utiliser Agrigenius® by Horta dans des conditions variées.

Lancée entre mi-janvier et mi-février, cette phase prospective a suscité un véritable intérêt dans les régions bordelaise et libournaise. En effet, malgré la présence de stations météo chez de nombreux viticulteurs, l’exploitation fine des données restait souvent limitée. Agrigenius® by Horta vient justement combler ce manque en valorisant ces données pour fournir des recommandations précises, directement opérationnelles sur le terrain.

Cette première approche s’est soldée par la mise en place définitive de cinq dispositifs : quatre pour des domaines situés à Pomerol, Fronsac et Saint-Émilion, et un autre pour une coopérative représentant 800 hectares de vignes.

Pierre Cazenave, responsable commercial chez Inovitis

« L’accompagnement est essentiel. Notre objectif était d’évaluer notre capacité à commercialiser Agrigenius® by Horta, en valorisant autant l’outil que sa mise en œuvre grâce à notre expertise terrain. Inovitis s’efforce de répondre à la diversité des besoins. L’outil ne conviendra pas à toutes les exploitations, mais notre mission est désormais de l’adapter et de le déployer plus largement.»

Pierre Cazenave, responsable commercial chez Inovitis

2. Protéger le vignoble avec une méthode respectueuse : la confusion sexuelle, une pratique de biocontrôle qui a fait ses preuves


Confusion sexuelle : désorienter pour mieux protéger

Alternative durable aux insecticides, la confusion sexuelle repose sur un principe simple : perturber la reproduction des ravageurs. Des diffuseurs de phéromones, accrochés aux ceps, agissent comme des leurres. Les mâles, désorientés, ne parviennent plus à localiser les femelles. Résultat : pas d’accouplement, donc pas de chenilles pour attaquer les grappes.

La mise en place de la confusion sexuelle nécessite une surveillance attentive des vols de papillons ravageurs pour ajuster les mesures de protection et anticiper

les périodes de forte pression. Avant l’apparition des premiers vols, l’installation des diffuseurs de phéromones appelés RAK®, est cruciale pour limiter la reproduction des ravageurs et réduire la pression parasitaire.

Les informations collectées sur la présence et l’intensité des vols sont ensuite partagées avec d’autres viticulteurs pour évaluer l’ampleur du phénomène à l’échelle locale. Le suivi en saison reste essentiel. La pose de pièges, sexuels ou alimentaires, permet de suivre le déroulement des vols et de vérifier l’efficacité du dispositif.


Le Château de La Rivière utilise cette méthode depuis 2014

De 2015 à 2018, le Château de La Rivière a été l’un des 41 sites étudiés dans le cadre d’une recherche sur l’entomofaune en vigne. L’objectif était d’analyser la diversité des insectes auxiliaires en comparant une parcelle en confusion sexuelle (RAK®) à une parcelle non confusée.

Les résultats révèlent une grande diversité d’insectes auxiliaires, notamment des chrysopes, des araignées et des hyménoptères parasitoïdes. Sur la parcelle RAK® du Château de La Rivière, les chrysopes dominent le peuplement, attirées par l’abondance de fleurs présentes dans et autour des vignes. Les araignées observées, variées et nombreuses, jouent également un rôle clef dans la régulation des ravageurs. Parmi elles, L. triangularis et Xysticus, de très petite taille, s’attaquent aux cicadelles et aux pucerons, tandis que Pardosa et Drassodes, plus grosses, contribuent également à l’équilibre biologique. Des coléoptères comme P. rufipes ont aussi été recensés. Ainsi l’analyse des indices de biodiversité, significativement plus élevés pour la parcelle RAK®, montrent une plus grande diversité et une richesse spécifique avec l’utilisation des RAK®.

Le Château de La Rivière, en adoptant la confusion sexuelle pour protéger son vignoble, illustre l’application concrète du biocontrôle, une méthode de protection des végétaux qui utilise des mécanismes naturels. Cette démarche s’inscrit dans une volonté de réduire l’utilisation de produits phytosanitaires conventionnels et de promouvoir une viticulture respectueuse de l’environnement.


BASF France – Division Agro : le biocontrôle, un pilier central de sa feuille de route agroécologique

Le biocontrôle s’inspire des mécanismes naturels pour défendre les cultures, en utilisant des interactions entre organismes vivants. Cette méthode englobe quatre catégories principales : micro-organismes, macroorganismes, substances naturelles et médiateurs chimiques.

BASF France – Division Agro intègre le biocontrôle comme un pilier central de sa feuille de route agroécologique à horizon 2030. L’entreprise s’engage à développer des solutions innovantes visant à réduire l’utilisation de produits phytopharmaceutiques tout en maintenant la rentabilité des exploitations agricoles .

En collaborant avec des partenaires tels que le Château de La Rivière, BASF France – Division Agro cherche à promouvoir des pratiques agricoles durables, alliant efficacité et respect de l’environnement. Cette synergie entre acteurs du secteur vise à accélérer la transition agroécologique et à répondre aux défis actuels de l’agriculture.

3. Maîtriser la protection fongique grâce à une nouvelle génération de molécules


La viticulture entre dans une phase de transition délicate : les produits phytopharmaceutiques se raréfient, et avec eux, certaines solutions clefs de protection. Face à ces impasses techniques, l’arrivée de molécules nouvelle génération répond à des attentes cruciales des viticulteurs.

Le Château de La Rivière fait partie des domaines qui testent ces innovations sur le terrain. En partenariat avec BASF France – Division Agro, il expérimente une nouvelle solution fongicide récemment commercialisée. Conçue pour répondre aux enjeux actuels, elle se montre efficace contre deux maladies redoutées : l’oïdium et le black-rot.

Sa particularité ? Une action à la fois préventive et curative, capable d’agir sur l’ensemble du cycle du champignon. Cette polyvalence offre aux viticulteurs une réelle souplesse dans le positionnement des traitements, tout en renforçant leur stratégie de protection.

« Notre objectif est de proposer des solutions qui répondent aux attentes de la filière : efficaces, adaptables et compatibles avec une viticulture plus durable », souligne Mariel Delasalle Responsable Technique et Réglementaire chez BASF France – Division Agro.

Thomas Dô Chi Nam, Responsable technique du Château de La Rivière

« Avec la réduction progressive des solutions conventionnelles, chaque nouvelle molécule efficace devient précieuse. Ce type d’innovation nous permet de garder une vraie marge de manœuvre dans la gestion des maladies au vignoble. »

Thomas Dô Chi Nam, Responsable technique du Château de La Rivière

Anticiper l’avenir des solutions phytosanitaires

Entre restrictions réglementaires et pression sociétale, la viticulture n’a d’autre choix que d’évoluer. Certaines substances utilisées aujourd’hui seront bientôt interdites, obligeant la filière à repenser ses stratégies de protection. Pour ne pas subir ces changements, mieux vaut les anticiper. Chez BASF France – Division Agro, la réflexion est déjà bien engagée. « Identifier dès aujourd’hui les molécules qui seront disponibles demain permettrait aux viticulteurs d’avoir un à deux ans d’avance dans l’adaptation de leurs pratiques », souligne Mariel Delasalle, Responsable Technique et Réglementaire.

Tester dès maintenant les alternatives les plus prometteuses, en conditions réelles, c’est sécuriser une transition progressive vers des programmes de protection à la fois efficaces et plus respectueux de l’environnement.

Innover pour produire autrement : préserver l’écosystème des vignes et garantir un vignoble durable et vivant

1. Le Château de La Rivière, un véritable réservoir de la biodiversité

Au Château de La Rivière, innover ne signifie pas seulement tester de nouvelles approches de protection de la vigne, c’est aussi repenser la place de la nature dans l’exploitation.

Abeilles, insectes auxiliaires, couverts végétaux et haies sont autant d’alliés précieux pour préserver l’équilibre biologique du vignoble. En réduisant l’usage des intrants et en misant sur une pluralité de solutions, le domaine cherche à renforcer cet écosystème, indispensable à une viticulture durable.

Classé site Natura 2000, le Château s’est engagé dès 2018 avec le Conservatoire d’espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine à protéger une population remarquable de chauves-souris.

Les 15 hectares de caves souterraines et les 30 hectares de bois présents sur la propriété servent de refuge à sept espèces, toutes protégées.

Ces discrètes habitantes jouent un rôle clef : chaque nuit, elles consomment des milliers d’insectes, dont les redoutés vers de grappe. Parmi leurs cibles : l’Eudémis et la Cochylis, papillons de nuit responsables de nombreux dégâts sur la vigne.

Cette démarche globale en faveur de la biodiversité s’inscrit dans un engagement plus large. Pour aller plus loin dans cette dynamique, le Château de La Rivière a participé pendant six ans au programme BiodiversID. Ce programme pionnier a été lancé en 2011 par BASF France – Division Agro et le Réseau de Biodiversité pour les Abeilles (RBA) avec l’appui de nombreux experts et scientifiques.

Grâce à son intégration au réseau, le Château de La Rivière a pu analyser et mesurer l’évolution de la biodiversité à l’aide de protocoles reconnus et d’indicateurs fiables. Les recommandations d’amélioration proposées lui ont également permis de faire progresser ses pratiques en faveur de la préservation de la biodiversité. Ainsi, l’importance et la qualité (80 % des aménagements évalués « très bon » à « bon ») des infrastructures agroécologiques sur l’exploitation permet une excellente circulation de la faune ; en particulier, les insectes pollinisateurs (hyménoptères, syrphes, papillons), les oiseaux et les petits mammifères en leur fournissant le gîte, le couvert et en facilitant ainsi leur reproduction.


2. Un écosystème partagé : cultiver le dialogue avec les riverains

Si la biodiversité est un enjeu clef pour le vignoble, le lien avec les riverains l’est tout autant.

Ces derniers s’interrogent de plus en plus sur les pratiques viticoles et leur impact sur l’environnement immédiat : qualité de l’air, utilisation des intrants, préservation des paysages.

Conscient des attentes locales, le Château de la Rivière privilégie une communication régulière pour expliquer ses pratiques et informer en amont des traitements menés sur les parcelles.

Cette approche pédagogique permet de créer un climat de confiance et de mieux faire comprendre les réalités du métier.

En plaçant l’échange au cœur de sa démarche, le domaine affirme sa volonté d’allier excellence viticole, responsabilité environnementale et respect de son voisinage.

Vigne et environnement : un équilibre en construction

L’idée d’un accord parfait entre production viticole et respect de l’environnement reste, par nature, mouvante. Face aux contraintes climatiques, aux attentes sociétales et aux évolutions réglementaires, les viticulteurs ne peuvent pas se reposer sur des certitudes : ils avancent par ajustements successifs, entre innovations techniques, observation du vivant et gestion des risques.

Le Château de La Rivière incarne cette démarche d’adaptation continue, où la recherche de solutions se fait toujours au plus près du terrain. Sa méthode pragmatique n’oppose pas productivité et durabilité, mais cherche à les concilier dans la réalité du quotidien.

Si la viticulture de demain ne repose sur aucune recette miracle, elle s’écrit déjà aujourd’hui, dans les vignes, au rythme des expérimentations. Et c’est peut-être là que réside l’accord le plus prometteur : celui entre la vigne, son environnement… et ceux qui en prennent soin.

Top