Agriculture : les insectes nuisibles n’ont pas d’entrave. Les agriculteurs, si.
12.05.2025

Alerte aux pucerons ! Ces insectes se délectent des asperges françaises. Vous l’avez sans doute vu à la une de l’actualité. Ces ravageurs détruisent également les vergers, avec un impact sur la récolte que la profession estime entre –10 % et –30 % sur l’ensemble de la production nationale. En 2026, les arbres, affaiblis par les attaques à répétition, porteront ainsi moins de fruits.
Par ailleurs, pour toute la filière pomme, c’est un choc économique considérable. Nos producteurs regardent, impuissants, leurs cultures dévastées, malgré l’utilisation des solutions homologuées en agriculture biologique et le recours à un insecticide de synthèse. Nos voisins européens, eux, ne vivent pas ce drame : ils disposent encore, pour huit saisons, de néonicotinoïdes pour protéger leurs cultures, préserver les rendements et donc leurs exportations. Qui n’a d’ailleurs pas vu de fruits et légumes en provenance de nos pays voisins sur les étals des marchés ou dans les grandes surfaces ? Où les produits 100% made in France sont de moins en moins présents, ou plus chers en raison des coûts de production plus élevés et ainsi défavorisés.
Sortons du cas des insectes pour observer non pas une alarme, mais un signal faible, c’est-à-dire une information précoce annonciatrice d’une menace. Certaines filières, jusqu’alors épargnées par ce qu’on appelle des impasses techniques, sont désormais rattrapées par la dure réalité. Le désherbage des céréales devient préoccupant, faute de solutions herbicides efficaces et rentables. Les agriculteurs redoutent l’absence de solutions pour maîtriser les mauvaises herbes qui envahissent leurs champs. Il en va de la récolte de blé, déjà mise à rude épreuve ces dernières années. Ce n’est pas un simple sujet technique ou anecdotique, c’est une préoccupation nationale : en huit ans, les surfaces cultivées en blé tendre ont déjà reculé d’un million d’hectares, soit une chute de près de 20 % en dix ans ! Il en va de notre souveraineté et de notre sécurité alimentaires ainsi que de notre engagement géopolitique.
Pourtant, des solutions existent à deux niveaux. Sur le terrain, d’abord, les agriculteurs et les instituts techniques de chaque filière se mobilisent pour s’adapter et lutter pied à pied contre toutes les formes d’agressions sur les cultures. En arboriculture, BASF a ainsi développé un programme personnalisé pour les producteurs, baptisé Smart Protection. Issu de nos efforts de recherche, il vise à élaborer des solutions sur mesure pour protéger les arbres fruitiers et optimiser les rendements, en combinant solutions conventionnelles et méthodes alternatives de biocontrôle. Dans les vignes, les expérimentations menées depuis quatre ans au Château La Rivière, à Fronsac, près de Bordeaux, montrent qu’il est possible de viser l’accord parfait entre performance et respect de l’environnement.
Les décideurs politiques qui connaissent l’agriculture savent ce qu’il faut faire : lever les entraves au métier d’agriculteur. Cela tombe bien : la proposition de loi qui poursuit cet objectif va (enfin) être débattue ce mois-ci à l’Assemblée nationale. Le Premier ministre, François Bayrou, l’a encore rappelé dans le JDD du 3 mai dernier : pour sortir du marasme économique, il faut… « la production d’abord ». Et de citer l’agriculture en 1er exemple. Dont acte. On juge en effet un arbre à ses fruits.