Prêts pour une révolution du modèle agricole ?
08.04.2025

Place à l’économie de la fonctionnalité !
Il est devenu de bon ton, chez certains commentateurs « autorisés » – mais très éloignés de la réalité agronomique, il faut le préciser –, d’affirmer avec aplomb qu’il faudrait « changer de modèle agricole ». C’est une rengaine que l’on entend depuis longtemps et qui perdure encore aujourd’hui. Même si les tenants de ce refrain sont minoritaires. Même si la donne internationale exige au contraire de renforcer notre souveraineté. Peu importe. Il faudrait changer de cap mais sans préciser la destination… La belle affaire !
D’ailleurs, lorsque l’on parle de transition, un point fondamental est systématiquement passé sous silence : la question du risque. Et surtout, qui le prend ?
Dans les faits, c’est l’agriculteur – et lui seul – qui assume les conséquences de toute transition. C’est lui qui modifie ses itinéraires techniques, adopte des solutions de biocontrôle souvent plus complexes à maîtriser, ou intègre des outils numériques dans sa conduite culturale. Bref, c’est toujours lui qui porte les risques. Ces choix, bien que vertueux sur le plan environnemental, entraînent une incertitude économique et agronomique, rarement – voire jamais – compensée par des dispositifs collectifs de partage du risque.
Changeons de paradigme !
C’est dans ce contexte qu’émerge l’Économie de la Fonctionnalité et de la Coopération (EFC). Elle marque une rupture radicale avec le modèle traditionnel de vente de biens. Si ses racines remontent à plusieurs siècles, l’EFC connait une accélération du fait des avancées digitales. Loin d’être une simple évolution marketing, l’EFC repose sur une logique de coproduction de valeur, dans laquelle le fournisseur ne vend plus un produit, mais s’engage contractuellement sur un résultat.
En 2019, BASF a lancé une réflexion de fond sur ce modèle, aboutissant à la création de xarvio® HEALTHY FIELDS. Cette solution ne propose pas la vente de produits phytopharmaceutiques, mais la garantie d’un champ sain. La promesse est claire : si l’objectif contractualisé n’est pas atteint – par exemple si la propreté de la parcelle est inférieure à 80 % – une indemnité est versée à l’agriculteur.
Dès lors, c’est BASF qui assume une partie du risque. Un véritable renversement de perspective. Ce modèle incite fortement à une utilisation raisonnée et efficiente des produits phytosanitaires. Pourquoi ? Parce que dans ce cadre, les intrants deviennent une charge pour l’entreprise, et non plus une source de revenus. L’EFC introduit ainsi une incitation structurelle à réduire les intrants, sans sacrifier la performance agronomique.
Faut-il rappeler que les agriculteurs sont déjà dans cette logique de sobriété ? Ils n’ont en effet aucun intérêt économique à utiliser plus de produits que nécessaire. Ce que permet l’EFC, c’est de changer d’échelle. C’est un levier redoutablement efficace pour concilier rentabilité et durabilité.
Quelles leçons à tirer du succès de l’Economie de la Fonctionnalité ?
- L’innovation ne vient ni de la contrainte, ni de l’écologie punitive, mais de l’initiative et de la confiance.
- C’est le dialogue entre les acteurs de terrain – agriculteurs, distributeurs, industriels – qui fait émerger les solutions les plus robustes. Ce dialogue débouche sur de véritables contrats de performance, avec des objectifs clairs, partagés avec un contrat dument signé.
Le cœur de la réflexion, c’est l’agriculteur. Et la première question à se poser est celle de la rentabilité de son exploitation. Sans résultat économique, il n’y aura pas de transition agroécologique crédible. Certains veulent changer de modèle agricole ? Soit. Bienvenue dans l’ère de l’Economie de la Fonctionnalité, qui transforme la manière dont nous consommons, tout en favorisant transition agroécologique et coopération territoriale.