Controverse sur les fongicides SDHI : que répond l'ANSES ?

Des chercheurs du CNRS, de l’Inserm et de l’INRA ont émis des questionnements sur l’innocuité des SDHI au travers d’une tribune publiée dans le journal Libération le 15 avril 20181. Les autorités sanitaires françaises par la voix de l’ANSES (Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’environnement et du travail), se sont auto-saisies de la question.

Elles ont examiné de manière approfondie l’ensemble des données disponibles sur le sujet - y compris bien évidemment celles des donneurs d’alerte - et y ont répondu de manière rassurante pour toutes les populations le 15 janvier 2019, en prenant toutes les garanties d’indépendance et de sérieux scientifique.

SDHI : des risques évalués ? L’avis de l’ANSES, renouvelé en juillet et novembre 2019 est très clair : aucune alerte sanitaire recensée.

Questionnement sur les SDHI par quelques chercheurs : un groupe d’experts indépendants missionnés par l’ANSES

L’ANSES a missionné un groupe d’experts indépendants à la suite de cette alerte des chercheurs. Ce groupe d’experts a étudié pendant plus de 6 mois l’ensemble des données disponibles. Il a bien entendu auditionné les chercheurs à l'origine de l'alerte. Les conclusions de cette mission, publiées le 15 janvier 2019, s’avèrent très rassurantes et confirment la sécurité des fongicides SDHI.

S’il y avait le moindre doute, l’ANSES (dont le rôle est d’assurer la sécurité sanitaire de l'alimentation) aurait alerté le gouvernement comme elle peut le faire sur d’autres sujets :

  • metam-sodium,
  • mycotoxines,
  • alerte au Datura appelé « fleur du mal »2,
  • action endocrinienne des aliments à base de soja....

Le groupe d’expertise collective d’urgence de l’ANSES rassemble des scientifiques indépendants couvrant des disciplines différentes dont des toxicologues compétents pour examiner les données présentées.

Selon l’ANSES, les données que les chercheurs à l’origine de l’alerte leur ont confiées « n’apportent pas d’éléments en faveur d’une alerte sanitaire pour la santé humaine et pour l’environnement en lien avec l’usage agricole de ces fongicides, qui pourrait justifier la modification ou le retrait des autorisations de mise sur le marché ».

SDHI : les données sont-elles publiques ?

Toutes les études conduites selon des protocoles obligatoires sont portées à la connaissance des autorités sanitaires. Ces dernières ont les compétences pluridisciplinaires pour en contrôler le bien-fondé scientifique et mesurer les effets des substances actives phytopharmaceutiques.

Fongicides SDHI : doit-on appliquer le principe de précaution ?

Autorisation de mise sur le marché des SDHI : une réglementation très stricte

Suite à l’obtention d’une première homologation validée par les Autorités, celle-ci doit être renouvelée au bout de dix ans. L’homologation doit obligatoirement être expertisée par les Autorités, avec l’ensemble des données disponibles, y compris celles issues de nouvelles études. Les exigences réglementaires augmentant régulièrement, il faut systématiquement redémontrer que les substances ne posent aucun problème pour la santé. Il faut rappeler que les contraintes réglementaires appliquées aux solutions phytopharmaceutiques sont encore plus importantes que pour les médicaments (aujourd'hui, un médicament mis sur le marché va être autorisé pendant 30 à 40 ans).

1 Libération, Une révolution urgente semble nécessaire dans l’usage des antifongiques, Par un collectif de chercheurs et de médecins, 15 avril 2018.

2 Vigil’Anses n°5, Le bulletin des vigilances de l’Anses, juin 2018.

Quelle est leur utilité ? Quel est leur mode d'action ? Quelle est la quantité de fongicides SDHI utilisés en France ?

D’année en année, les progrès de la science permettent de proposer des fongicides plus respectueux de l’environnement et de la santé humaine. Leur profil toxicologique est de plus en plus favorable et ils sont efficaces pour gérer les maladies fongiques dans les cultures.

Des études sont bien entendu menées dans le cadre du dossier d’homologation, avant l'utilisation par les agriculteurs, mais également après l'homologation. La toxicité pour les abeilles d’un fongicide SDHI, comme le boscalid, est nettement moins importante que celle des deux principaux médicaments vétérinaires (amitraze et tau-fluvalinate), utilisés par les apiculteurs directement dans les ruches.

Les huit chercheurs du CNRS, de l’Inserm et de l’INRA soupçonnent les fongicides SDHI d’avoir des effets néfastes sur la biodiversité et sur la santé humaine. Ces chercheurs se basent sur des effets observés in vitro sur les cellules de mammifères pouvant, selon eux, entrainer des effets potentiels chez l’Homme. Pour l'ANSES, ces soupçons ne sont pas justifiés.

Cette question n’est pas spécifique aux SDHI. Elle est inhérente à la biologie des champignons. C’est une problématique que l’on trouve aussi en santé humaine par exemple pour les antibiotiques.

« N’importe quel être vivant qui est mis au contact de ces molécules est mis en danger (vers de terre, abeilles, mammifères, Hommes…) ». C’est l’argument défendu par un collectif de chercheurs de médecins à propos des fongicides SDHI.Toutefois, utilisée depuis les années 60-70, cette famille de fongicides n’a jamais fait l’objet de la moindre alerte sanitaire.

Depuis le lancement en avril 2018 de la polémique médiatique sur les fongicides SDHI, les chercheurs à l’origine de cette « alerte » ainsi que des ONG environnementalistes interprètent de manière abusive la définition du principe de précaution en réclamant une interdiction totale d’usage de ces substances.

Ayant par le passé travaillé côte à côte sans réellement dialoguer, apiculteurs et agriculteurs ont depuis quelques années pris conscience de leur intérêt commun à travailler ensemble au service de leurs objectifs respectifs : de bons rendements pour lesquels les pollinisateurs ont un rôle majeur ; des productions de miel importantes grâce à des pratiques culturales adaptées (bandes mellifères, diversité florale, adaptation des pratiques phytosanitaires, etc.)

« On ne peut se permettre, comme l’Anses, d’attendre la catastrophe » C’est par cet avertissement que l’un des chercheurs ayant lancé l’« alerte » sur les fongicides SDHI en 2018 appelle de nouveau à leur interdiction en 2019, invoquant le principe de précaution.

Pour étayer leurs propos alarmistes, les quelques chercheurs « lanceurs d’alerte » soutenus par des ONG environnementalistes mettent en avant une « exposition importante de la population » aux fongicides SDHI. Une position qui ne correspond pas à la réalité des observations faites par les autorités sanitaires française et européenne.

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