Apiculteurs - Agriculteurs : quel dialogue ?

Ayant par le passé travaillé côte à côte sans réellement dialoguer, apiculteurs et agriculteurs ont depuis quelques années pris conscience de leur intérêt commun à travailler ensemble au service de leurs objectifs respectifs : de bons rendements pour lesquels les pollinisateurs ont un rôle majeur ; des productions de miel importantes grâce à des pratiques culturales adaptées (bandes mellifères, diversité florale, adaptation des pratiques phytosanitaires, etc.).

La surmortalité des abeilles, une problématique particulièrement complexe qui va au-delà de l’usage des produits phytopharmaceutiques

L’exposition des abeilles aux produits phytopharmaceutiques dépend de nombreux facteurs dont les deux principaux sont la période d’application et l’attractivité florale. Pour certaines cultures et certains usages, les fongicides SDHI peuvent être employés en période de floraison et potentiellement sur des cultures attractives1, leurs dossiers d’homologation doivent alors apporter les réponses les plus précises quant à un éventuel risque pour les colonies abeilles. Dans le cadre de la mise sur le marché des produits phytopharmaceutiques, les autorités sanitaires sont particulièrement attentives aux propriétés intrinsèques de ceux-ci et à leurs conditions d’usage. Au-delà des études réalisées pour l’homologation, il ne faut pas oublier la complexité de la problématique des surmortalités de colonies d’abeilles. En effet, les troubles observés chez l’abeille sont difficilement attribuables à une seule cause mais semblent bien, comme le consensus scientifique l’a montré depuis des années, multifactoriels. Les facteurs climatiques, la malnutrition, le parasitisme (Varroa) et les maladies de la ruche, les traitements vétérinaires et les produits de protection des plantes peuvent jouer un rôle, seuls ou en interaction les uns avec les autres.

Dans ce contexte, comment prendre soin des abeilles ?

Des pistes suivantes ont été proposées pour limiter ces phénomènes :

  • Assurer aux colonies un bon niveau de nutrition et d’hygiène tout au long de l’année, et en ne recourant aux produits de traitement vétérinaires que de façon appropriée en respectant la réglementation en vigueur (médicaments vétérinaires homologués).
  • Permettre aux apiculteurs de se former à la complexité grandissante de leur métier et face à un environnement changeant (évolution du climat, des ressources botaniques pollinifères, du parasitisme, de l’agriculture, de la génétique apicole…).
  • Veiller à une bonne utilisation par les agriculteurs des produits phytopharmaceutiques, et à une bonne coordination entre agriculteurs et apiculteurs pour éviter l’exposition des abeilles quand des traitements s’avèrent nécessaires.
  • Favoriser le dialogue local entre apiculteurs, agriculteurs et acteurs du monde agricole.

Un vrai dialogue pour se comprendre

Rémy Dumery, agriculteur Beauceron, et Jean-François Maréchal, apiculteur dans la Marne témoignent du dialogue qui s’est mis en place entre les deux professions dans leurs départements respectifs.

Des pratiques culturales adaptées à la vie apicole

Certaines pratiques sont essentielles pour faire cohabiter l'agriculture et l'apiculture :

  • Bonnes conditions météorologiques (pas de vent),
  • Bonne hygrométrie,
  • Pulvériser tôt le matin ou tard le soir quand les abeilles sont à la ruche.

Comment utiliser des fongicides SDHI et produits phytosanitaires sans mettre en danger les abeilles?

Et pour les cultures non-mellifères ?

BASF : plateforme d’échanges entre apiculteurs et agriculteurs

Des apiculteurs et agriculteurs viennent échanger régulièrement avec les équipes BASF depuis 2006. Notamment :

  • Lors de visites d’essais (essais abeilles sous tunnels ou en plein champs).
  • Lors de formations.

L’objectif est d’échanger sur les résultats d’essais, la gestion responsable des produits phytosanitaires et sur les bonnes pratiques agricoles et apicoles à mettre en place de manière concertée pendant le butinage des abeilles.

"Il ne faut pas oublier les autres cultures comme les céréales ou les betteraves où normalement les abeilles ne viennent pas. Il peut y avoir des passages d'abeilles dans la journée ou des ruchers à proximité de ces cultures. Donc, il faut absolument qu'il y ait la même précaution qui soit appliquée aux agriculteurs par rapport aux ruchers de proximité." explique Rémi Dumery, cultivateur beauceron.


1 Selon la réglementation en vigueur

D’année en année, les progrès de la science permettent de proposer des fongicides plus respectueux de l’environnement et de la santé humaine. Leur profil toxicologique est de plus en plus favorable et ils sont efficaces pour gérer les maladies fongiques dans les cultures.

Des études sont bien entendu menées dans le cadre du dossier d’homologation, avant l'utilisation par les agriculteurs, mais également après l'homologation. La toxicité pour les abeilles d’un fongicide SDHI, comme le boscalid, est nettement moins importante que celle des deux principaux médicaments vétérinaires (amitraze et tau-fluvalinate), utilisés par les apiculteurs directement dans les ruches.

Les huit chercheurs du CNRS, de l’Inserm et de l’INRA soupçonnent les fongicides SDHI d’avoir des effets néfastes sur la biodiversité et sur la santé humaine. Ces chercheurs se basent sur des effets observés in vitro sur les cellules de mammifères pouvant, selon eux, entrainer des effets potentiels chez l’Homme. Pour l'ANSES, ces soupçons ne sont pas justifiés.

Cette question n’est pas spécifique aux SDHI. Elle est inhérente à la biologie des champignons. C’est une problématique que l’on trouve aussi en santé humaine par exemple pour les antibiotiques.

« N’importe quel être vivant qui est mis au contact de ces molécules est mis en danger (vers de terre, abeilles, mammifères, Hommes…) ». C’est l’argument défendu par un collectif de chercheurs de médecins à propos des fongicides SDHI.Toutefois, utilisée depuis les années 60-70, cette famille de fongicides n’a jamais fait l’objet de la moindre alerte sanitaire.

Depuis le lancement en avril 2018 de la polémique médiatique sur les fongicides SDHI, les chercheurs à l’origine de cette « alerte » ainsi que des ONG environnementalistes interprètent de manière abusive la définition du principe de précaution en réclamant une interdiction totale d’usage de ces substances.

« On ne peut se permettre, comme l’Anses, d’attendre la catastrophe » C’est par cet avertissement que l’un des chercheurs ayant lancé l’« alerte » sur les fongicides SDHI en 2018 appelle de nouveau à leur interdiction en 2019, invoquant le principe de précaution.

Pour étayer leurs propos alarmistes, les quelques chercheurs « lanceurs d’alerte » soutenus par des ONG environnementalistes mettent en avant une « exposition importante de la population » aux fongicides SDHI. Une position qui ne correspond pas à la réalité des observations faites par les autorités sanitaires française et européenne.

Pour aller plus loin

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