« Une pression maladie très calme, des vendanges précoces et de qualité »

Sécheresse et succession de canicules, les conditions climatiques de 2022 n’ont pas été propices au développement des maladies, si ce n’est la présence d’oïdium dans certains secteurs, notamment dans le Val de Loire. La pression tordeuses de la grappe a aussi été hétérogène selon les régions. A la vendange, la qualité est par contre au rendez-vous partout. Retour sur une année assez particulière pour la vigne, avec Pascale Gourmelin.

Quel bilan peut-on tirer de l’année 2022 pour la vigne en France ?

L’année 2022 a été marquée par une très forte sécheresse et des températures très élevées. Après un hiver déjà plutôt sec, les viticulteurs ont eu à faire face à un printemps sec et chaud et à un été très sec avec plusieurs vagues successives de fortes chaleurs, ponctuées de quelques orages, notamment en Charentes. Ces conditions très sèches ont eu l’avantage de réduire fortement la pression des maladies et en particulier du mildiou, qui a été quasi-absent cette année en vigne, quelles que soient les régions.

Le mildiou a été quasi-absent cette année dans les vignobles, mais qu’en est-il de l’oïdium ?

Les viticulteurs ont en effet dû faire face à une pression oïdium plus ou moins forte selon les secteurs. Dans le Val de Loire, par exemple, l’oïdium est arrivé très précocement et de façon explosive. Dans ce cas, la bonne stratégie de protection est toujours d’intervenir en préventif. Lorsque la maladie fait son apparition très tôt, si le viticulteur n’est pas assez vigilant en tout début de saison, l’oïdium devient très difficile à contrôler. Cette année, la floraison a été très rapide, une intervention avec Vivando® qui peut s’utiliser tôt, suivie de Yaris®, est une stratégie qui s’est avérée très efficace pour maîtriser la maladie.

Quelles ont été les conséquences de la sécheresse sur le développement des ravageurs ?

Le temps chaud a eu tendance à favoriser les tordeuses de la grappe, mais avec des niveaux de pression hétérogènes selon les régions. On a observé la présence de G1 un peu partout en France, qui ont ensuite été stoppées par les températures caniculaires, dans la plupart des vignobles. Cela étant dit, malgré des températures très élevées, la présence d’Eudémis a pu perdurer dans l’Est de la France.

A noter que la confusion sexuelle, complétée par des traitements insecticides si nécessaire, a bien fonctionné.

Comment se sont déroulées les vendanges ?

Les vendanges ont été en général en avance, avec des raisins bien sains, et une qualité qui s’annonce très bonne. Les volumes vendangés sont par contre hétérogènes, selon les vignobles et les cépages. Contre toute attente, le bilan de rendement moyen national est supérieur à l’année passée de 16% (impact du gel bien plus faible cette année) et de 3% par rapport aux cinq dernières années.

Quels enseignements faut-il tirer de 2022 pour préparer la campagne 2023 ?

Ce n’est pas parce que 2022 a été très calme sur le plan des maladies, que ce sera aussi le cas en 2023. Il faudra donc être vigilant, d’autant plus que l’oïdium étend sa couverture et son intensité dans les vignobles à la faveur des années chaudes.

Par ailleurs, il existe des formes de conservation du mildiou qui peuvent survivre plusieurs années de suite dans le sol. Le viticulteur pourra par exemple utiliser en début de saison, lorsque le risque mildiou était modéré, des fongicides de contact comme le Polyram® DF ou le produit de biocontrôle Roméo® associé à un autre partenaire, et réserver ensuite les produits très performants comme Futura®, fongicide multisites systémique ou l’association Solution Enervin® Active + Phosphonate, à l’encadrement de la floraison.

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