Désherbage durable du maïs à base de DMTA-P : résultats des essais menés avec Arvalis-Institut du végétal

Les essais menés dans quatre régions maïsicoles de France montrent l’intérêt des itinéraires combinant désherbage chimique et mécanique. Mais ils ne sont pas réalisables tous les ans, préviennent Jean-François Meynet, responsable agronomique chez BASF, et Valérie Bibard, spécialiste du désherbage chez Arvalis-Institut du végétal.

Depuis des années, BASF travaille des itinéraires durables de désherbage des cultures de printemps à base de DMTA-P, une molécule qui entre dans la composition de plusieurs de ses herbicides.

Cette démarche répond en particulier aux attentes des agriculteurs dont les exploitations se trouvent sur des aires d’alimentation de captages d’eau potable, dits prioritaires . Pour leur apporter des réponses concrètes, BASF mène des essais permettant de comparer les performances de différents programmes de désherbage

Désherbage durable des cultures de printemps avec le DMTA-P : nos recommandations pour 2022

Nos essais sur maïs avec Arvalis-Institut du végétal

En 2021, BASF a mené avec Arvalis-Institut du végétal des essais dans quatre régions maïsicoles : Pyrénées-Orientales, Alsace, Rhône et Charente-Maritime. L’objectif était de tester différents itinéraires de désherbage du maïs à base de DMTA-P et d’en évaluer les résultats selon différents critères : agronomiques, environnementaux, économiques et d’organisation du travail.

Les itinéraires de désherbage testés

Les essais ont permis d'évaluer quatre programmes de désherbage.

 ProgrammeProduits utilisés
S1Application herbicide en plein en PSPL.AdengoXtra 0.44 l/ha
S2Application herbicide localisée sur le rang en PSPL (pratique de l’herbisemis) suivie de 2 binages.AdengoXtra 0.44 l/ha + Isard® 1 l/ha
S3Application herbicide localisée sur le rang en PSPL suivie d’une application en plein en PL.AdengoXtra 0.44 l/ha + Isard® 1 l/ha
puis Predomin® 0.2 l/ha + Actirob 1 l/ha + Pampa 0.5 l/ha
S4Application herbicide localisée sur le rang en PSPL relayée par une application herbicide en PL localisée sur le rang et de 2 binages sur l’inter-rang.Adengo Xtra 0.33 l/ha puis Isard® 0.8 l/ha + Pampa 0.5 l/ha + Predomin® 0.2 l/ha + Actirob 1 l/ha

PSPL : post-semis pré-levée, PL : post-levée

Ces essais se sont déroulés sur des sites bien pourvus en adventices : 120 plantes/m2 avec dominance de dicots (en raison du froid qui a limité les levées de graminées estivales au printemps 2021).

Les résultats des essais

Résultats agronomiques

  • Efficacité. Les stratégies avec binage ont bien fonctionné dans les conditions météo de 2021 et procurent des efficacités proches des stratégies tout chimique.

  • Rendement. Premier constat : les résultats confirment la nécessité de désherber afin de maintenir le potentiel de rendement. Le rendement du témoin non désherbé (78 q/ha en moyenne) est en effet réduit d’un tiers par rapport aux modalités désherbées. Par ailleurs, on ne constate pas d'écart significatif entre les différentes stratégies.


Résultats environnementaux

  • Une application localisée sur le rang permet une réduction significative de l’IFT (baisse de 64% en moyenne sur les quatre essais). De plus, un double binage peut remplacer un rattrapage d’herbicides en post-levée.
  • L’introduction du binage, nécessitant souvent deux passages pour une efficacité équivalente à un désherbage chimique, augmente les émissions de GES de 1 à 2%, ce qui correspond à près de 30 kg d’équivalent carbone. Cette augmentation est principalement liée à la consommation de carburant (+ 10 l/ha).

Bilan énergétique : impact minime sur la consommation d’énergie

Pour calculer le bilan énergétique d’une culture, on compare l’énergie qu’elle consomme et celle qu’elle produit. Côté consommation, on prend non seulement en compte l’énergie primaire (carburant, intrants…) mais aussi l’énergie nécessaire à la fabrication du matériel agricole et des intrants. Côté production d’énergie, on prend en compte la biomasse produite. Une bonne efficience énergétique nécessite ainsi à la fois la maîtrise des charges et le maintien d’une production importante.

Dans cette étude, on constate un impact minime de la modification des stratégies de désherbage sur le bilan énergétique.

- La réduction des usages de produits herbicides est globalement compensée par l’augmentation des consommations de carburant dues au binage.

- Les rendements sont peu impactés par les stratégies de désherbage choisies, les conditions de l’année ayant été globalement favorables aussi bien aux interventions chimiques qu’aux interventions mécaniques.

Dans d’autres conditions, les résultats auraient pu être différents. Supposons, par exemple, des conditions météorologiques qui n’auraient pas permis un second binage. On peut penser que, dans ce cas, les modalités avec binage auraient obtenu un rendement inférieur, diminuant d’autant la production d’énergie brute.

Résultats économiques

  • Produit brut. Les écarts de rendement n’étant pas significatifs, on ne constate pas d'écart important entre les différentes stratégies. Soulignons que l’absence de désherbage représente en moyenne une perte de produit brut de 29%. Désherber la culture du maïs est donc une nécessité quelle que soit la stratégie envisagée.
  • Charges de désherbage. Les écarts entre les différentes stratégies sont faibles (une dizaine d’euros à l’hectare). Rappelons que les charges de désherbage sont faibles par rapport aux autres charges d’exploitation.
  • Marge nette. Elle varie entre 240 à 340 €/ha selon les stratégies, en faveur de la stratégie n°2. Là encore, sans désherbage, la marge nette est de -150 €/ha, ce qui remet en cause la rentabilité de la culture.

Organisation du travail

C’est sur ce terrain que les différences entre les stratégies sont le plus flagrantes.

La localisation de la pré-levée par herbisemis permet d’économiser un passage en couplant le désherbage avec l’opération de semis.

>> La technique de l’herbisemis : témoignages d’agriculteurs

Le binage réclame des conditions spécifiques :

  • Une météo favorable : des conditions sèches durant 2 à 3 jours.
  • Du temps : il faut compter 30 minutes/ha par binage (vs 6 minutes/ha pour un passage de pulvérisateur en plein).

  • De la réactivité : la période d’intervention est limitée (fin mai-début juin). Rappelons que le maïs est une culture d’été à cycle court et sa sensibilité à la concurrence des mauvaises herbes s’exerce surtout au début du cycle. De ce fait, le désherbage se concentre sur quelques semaines : il nécessite une grande réactivité et donc une grande disponibilité en main-d’œuvre sur l’exploitation.
  • De l’organisation : le binage peut se télescoper avec d'autres travaux sur l'exploitation (traitement fongicide des céréales, par exemple).

Bineuse : avec ou sans guidage ?

Dans cette étude, nous avons travaillé avec une bineuse classique 6 rangs. Une bineuse équipée d’un système de guidage par caméra ou par GPS augmentera le coût du désherbage (+ 14 €/ha pour un double binage guidé) mais permettra de réduire les temps de travaux (28 min / ha soit - 39%) en permettant de biner à une vitesse supérieure, avec un confort accru et en réduisant fortement les risques de pertes et/ou casses de pieds de maïs.

Des résultats à confirmer

Les essais seront renouvelés en 2022 avec des modalités comparables. Nous espérons des conditions climatiques différentes pour pouvoir affiner nos conclusions.

« Un itinéraire mixte représente une option raisonnable mais pas universelle »

Avis d’expert – Les conseils de Valérie Bibard, spécialiste du désherbage du maïs chez Arvalis-Institut du végétal.


Les essais que nous avons menés montrent que les différentes stratégies de désherbage du maïs se valent en termes d’efficacité et de coût quand les conditions sont favorables au binage, comme ce fut le cas en 2021.

Le désherbage localisé sur le rang au semis (technique de l’herbisemis) permet de sécuriser l’efficacité du désherbage sur le rang dès la prélevée tout en baissant les IFT. Nous savons que cette période est cruciale pour le développement du maïs. C’est le moment où la concurrence avec les adventices peut être très préjudiciable au rendement.

La gestion de l’interrang par binage donne de bons résultats lorsque celui-ci est suivi de plusieurs jours secs et sous réserve que le maïs recouvre l’interrang, interceptant ainsi la lumière et empêchant de nouvelles levées d’adventices. Il est souvent nécessaire de réaliser au moins deux binages pour avoir un résultat satisfaisant. Selon le type de sols des parcelles et les conditions météorologiques, il peut être difficile de trouver les bonnes fenêtres pour intervenir. Pour aider les agriculteurs, nous sommes en train de développer un outil permettant d’évaluer le nombre de jours disponibles pour réaliser un binage selon les conditions pédoclimatiques régionales.

Les conditions n’étant pas favorables tous les ans, il faut rester pragmatique. Un itinéraire mixte – application d'herbicide localisée sur le rang avec binages – représente une option raisonnable mais pas universelle. Il ne faut pas s’interdire de recourir à une application herbicide en post-levée si les conditions ne sont pas remplies.

« Un itinéraire mixte représente une option raisonnable mais pas universelle »

France

Une démarche qui s’inscrit dans la stratégie agroécologique de BASF

L’agriculture productive, rémunératrice, intégrée dans des agroécosystèmes diversifiés et robustes doit se réinventer. Elle doit s’appuyer sur des itinéraires agroécologiques innovants et efficaces. Nous souhaitons, en notre qualité de fournisseur de solutions pour l’agriculture, accompagner ces nouvelles démarches de progrès en co-développant de nouveaux itinéraires culturaux de production, en continuant à réduire l’usage des intrants grâce à l’innovation et en renouvelant les modalités de coopération au sein du monde agricole.

En savoir plus

Itinéraires techniques de désherbage durable du maïs

Quelle stratégie de désherbage déployer en maïs pour protéger la ressource en eau tout en maintenant la performance économique de la culture ?

La réduction des quantités d’herbicide pour préserver la qualité de l’eau grâce à la technique de l’herbisemis en localisé, fait partie des pratiques clés expérimentées par Philippe Bop, maïsiculteur dans les Landes, en partenariat avec les équipes de BASF.

Outre les leviers agronomiques, tels que les rotations culturales ou l’utilisation de couverts végétaux, différents leviers sont aujourd’hui utilisables pour limiter certains impacts environnementaux liés à l’itinéraire technique du maïs : l'herbisemis et l'effaceur de traces de roues.

  • Adengo® Xtra : AMM n° 2160693 – 225 g/l d’isofluxatole + 90 g/l de thiencarbazone + 150 g/l de cyprosulfamide - ®Marque déposée Bayer. Détenteur de l’AMM : Bayer.
  • Pampa® : AMM N° 9100418 – 40 g/l de nicosulfuron - ®Marque déposée Ishihara Sangyo Kaisha (Ltd. : Japan) – Détenteur de l’AMM : ISK Biosciences Europe N.V.
  • Actirob® B : AMM N° 9400076 – 842 g/l d’huile de colza estérifiée – ®Marque déposée Oleon NV - Détenteur de l’AMM Oleon NV

Pour toutes autres informations concernant les produits tiers : se reporter au site internet de chacune des firmes.

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