Itinéraires de désherbage durable du maïs et réduction des IFT, partage d’expérience dans le Sud-Ouest

La réduction des quantités d’herbicide pour préserver la qualité de l’eau grâce à la technique de l’herbisemis en localisé, fait partie des pratiques clés expérimentées par Philippe Bop, maïsiculteur dans les Landes, en partenariat avec les équipes de BASF. Du conseil à la pratique, l’objectif est d’obtenir un retour expérience et de partager nos résultats sur le désherbage mixte avec tous les acteurs de la filière.

Le désherbage du maïs, c’est primordial dans le Sud-Ouest ! « Avec un climat doux, pluvieux, les exploitations de la façade Atlantique ont à gérer de fortes infestations avec de surcroît des levées échelonnées de graminées, témoigne Jean-Luc Saint-Orens, responsable clients BASF, territoire Sud-Ouest. Conséquence, en cas d’échec du désherbage, le recul de la production fragilise non seulement l’exploitation mais aussi toute l’économie agroalimentaire locale, de l’élevage du canard avec la production de foie gras, à celui des poulets, porcs et bovins de qualité. »

La région possède trois captages d’eau dits prioritaires pour les enjeux agricoles. Ceux de Pujo Le Plan-Les arboust et d’Orist dans les Landes ainsi que celui d’Artix sur le Gave de Pau dans les Pyrénées-Atlantiques. Des plans d’actions territoriaux sont mis en œuvre par les Syndicats des eaux pour préserver la ressource en eau potable.

L’utilisation de produits à base de dmta-P* se développe dans la région. Dans le cadre d’une stratégie de désherbage durable, nous recommandons d’adapter les doses selon le type de sol et de privilégier l’alternance des substances actives à l’échelle de la rotation.

Valérie Joulia-Guignard, Ingénieur Conseil Environnement

« Sur les périmètres de protection des captages d’eau potable où un risque de transfert par infiltration est caractérisé, en particulier pour ceux dits prioritaires, l’objectif est d’aller plus loin en privilégiant des pratiques comme le désherbage combiné. »

Valérie Joulia-Guignard, Ingénieur Conseil Environnement

Région Sud

Les enseignements clés du désherbage durable chez Philippe Bop dans les Landes

Afin de réduire le recours aux herbicides, des itinéraires de désherbage durables ont été menés en conditions réelles par l’équipe technique Sud-Ouest de BASF sur l’exploitation de Philippe Bop, située à Aire sur l’Adour.

Associé avec son frère et son cousin, il cultive 380 ha de maïs consommation, de maïs et de tournesol semences et de haricots verts. Un atelier de canards prêts à être gavés et un second de porcs complètent l’activité. Pas étonnant qu’au-delà de la performance économique et environnementale, l'agriculteur cherche à optimiser son temps de travail. Ce critère est essentiel dans l’évaluation des itinéraires agroécologiques de désherbage, rentables et reproductibles.

L’expérimentation a été réalisée sur une parcelle de boulbène battante. Les règles de décisions ont été prises avec Philippe Bop selon les conditions de l’année.

L’herbisemis, gain de temps et optimisation des doses

Philippe Bop pratique le désherbage au semis en plein depuis plus de 15 ans. Pour lui, c’est un véritable gain de temps : il n’a plus besoin de faire un passage spécifique pour désherber et il arrive à traiter et à semer 10 ha simultanément. Ainsi, son expérience contredit certaines idées reçues qui laissent penser que cette technique multiplie les allers-retours pour remplir la cuve du pulvérisateur, alors que le semoir est encore opérationnel. « L’application de produits s’effectue dans un sol humide, indique Philippe Bop. Ces conditions, favorables à l’efficacité du désherbage, permettent une optimisation des doses, un volume de bouillie plus faible. Je suis à 80 l/ha. »

Cette stratégie est la solution idéale pour l’agriculteur qui économise de l’eau et du désherbant tout en gagnant du temps.

L’herbisemis, en localisé, c’est 50 % de produit économisé et un IFT à 0,67

L’herbisemis peut s’effectuer en localisé moyennant une adaptation simple des rampes herbicides sur le semoir. La dose a aussi été ajustée.

En ne passant que sur le rang avec le programme Isard 0.8 l/ha + Adengo Xtra 0.33 l/ha, seule la moitié de la surface a été traitée. Ce levier est très efficace pour réduire l’IFT (0,67) et de fait les quantités de matières actives à l’hectare. Par contre, l’inter-rang reste sale par rapport à un herbisemis réalisé en plein. Du datura s’est développé.

Deux options de rattrapage ont alors été choisies avec l’agriculteur pour nettoyer l’inter-rang et préserver le rendement.

  • Un rattrapage chimique
  • Un ou plusieurs binages de l’inter-rang tout en ne perdant pas non plus de vue, que les fenêtres météo d’intervention au printemps sont réduites, pluies fréquentes obligent.

Binage, sa réussite dépend des conditions d’intervention

Le binage est une bonne solution pour limiter voire supprimer le désherbage chimique en post-levée et ainsi diminuer les IFT. De plus, en cassant la croûte de battance, il a eu un effet positif sur le développement du maïs. Toutefois, cette technique n’est pas toujours envisageable. Les bonnes conditions d’intervention peuvent être difficiles à trouver selon l’année. En raison de forts épisodes pluvieux, Philippe Bop n’a pas pu intervenir avant le 22 juin. La pression datura était alors très importante dans la parcelle. Cette adventice est un réel problème dans la région. L’agriculteur n’a pas voulu prendre de risque. Il a donc réalisé un double passage en aller-retour avec la bineuse pour bien déraciner les daturas.

« Ce double passage a été efficace, commente Valérie Joulia-Guignard. Selon l’avis de Philippe Bop, Il est difficile à envisager à l’échelle d’une exploitation. De plus, l’agriculteur possède une bineuse classique. L’idéal serait de travailler avec une bineuse équipée d’un système RTK pour éviter de blesser les pieds de maïs, mais l’investissement n’est plus le même, il faut le multiplier par trois », complète-t-elle.

L’herbisemis en localisé avec rattrapage chimique, un bon compromis

L’itinéraire herbisemis en localisé sur le rang avec un rattrapage chimique en post est une bonne solution qui allie sécurité, efficacité, baisse des IFT en prélevée avec un gain de temps considérable par rapport au binage et une consommation en carburant 4.5 fois moins importante. « Il n’existe pas de réponse binaire, conclut Valérie Joulia Guignard. Ces travaux peuvent inspirer les animateurs afin de répondre aux enjeux de la qualité de l’eau sur les aires d’alimentation des captages prioritaires tout en permettant une gestion du risque économique. Car, il n’y a pas de durabilité sans rentabilité économique. »

Avec ces itinéraires de désherbage durable, nous souhaitons proposer des techniques sécurisantes avec un investissement en matériel raisonnable. « Le tout mécanique reste compliqué à mettre en œuvre dans les exploitations du sud de l’Aquitaine notamment en raison de la forte pluviométrie », relève Jean-Luc Saint-Orens.

* Herbicides maïs avec dmta-P : Isard, Spectrum, Dakota-P, Beloga-P, Wing-P

Quelle stratégie de désherbage déployer en maïs pour protéger la ressource en eau tout en maintenant la performance économique de la culture ?

Outre les leviers agronomiques, tels que les rotations culturales ou l’utilisation de couverts végétaux, différents leviers sont aujourd’hui utilisables pour limiter certains impacts environnementaux liés à l’itinéraire technique du maïs : l'herbisemis et l'effaceur de traces de roues.

Les essais menés dans quatre régions maïsicoles de France montrent l’intérêt des itinéraires combinant désherbage chimique et mécanique.

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