Itinéraires agroécologiques en colza, au service de la protection de l’eau

C’est une expérimentation collective et innovante autour de la culture de colza qui a été menée dans la Vienne par le GIEE du Gué de Sciaux, le Syndicat Eaux de Vienne, la Chambre d’agriculture départementale et les équipes de BASF. Son objectif est de confirmer l’intérêt des itinéraires agroécologiques sur une zone de captage d’eau potable avec des terres fragiles grâce aux semis de colza associés à des légumineuses et dont les semences sont traitées avec un produit de biocontrôle stimulant. À la clé, moins de nitrates dans l’eau, moins de traitements contre les grosses altises, et une culture plus robuste. Les partenaires du projet confirment l’intérêt de ces itinéraires agroécologiques pour le colza.

Conjuguer productivité du colza et pratiques agroécologiques

Du colza pour protéger la ressource en eau ! Du colza au service de l’agroécologie ! Et du colza bien plus productif ! C’est pour confirmer le service environnemental des itinéraires de colza innovants et mesurer les gains économiques associés que les onze agriculteurs du GIEE* du Gué de Sciaux situés sur la commune de Paizay-le-Sec dans la Vienne, les animateurs du syndicat des eaux, Eaux de Vienne, et la Chambre d’Agriculture départementale, ont mis en place en 2019 des expérimentations sur cette culture. Nous avons décidé d’être partenaire, avec la Chambre d’agriculture de la Vienne, de ce projet pilote destiné à conduire plus durablement la culture du colza. Il combine agronomie, biodiversité fonctionnelle, et raisonnement des traitements et innovations.


Excellente tête de rotation, le colza piège naturellement les nitrates. Un bon point pour la protection de l’eau. « Pour nous Syndicat des eaux, le colza est une culture intéressante car elle valorise l’azote en tout début cycle avant la période de lessivage des nitrates la nappe phréatique, souligne Jimmy Journaud, animateur agricole du syndicat Eaux de Vienne. Nous avons donc tout intérêt à la préserver en raison de ses atouts agronomiques et économiques pour l’agriculteur sur nos aires de captage avec une problématique de nitrates. Néanmoins, ce que l’on pourrait reprocher au colza, c’est son volet phytosanitaire. » Avec la succession d’hivers doux dans la région, les niveaux de populations d’insectes restent élevés. Le colza subit dès septembre de fortes attaques des grosses altises. Ces coléoptères perforent les plants.

Alors, pour aller plus loin dans le cadre des itinéraires agroécologiques, trouver des solutions alternatives aux traitements insecticides, mais aussi réduire les doses d’herbicides, un colza d’une variété hybride a été semé tôt, début août, en simultané avec des légumineuses. Les semences ont été traitées avec la solution de biocontrôle Integral® Pro composée de la souche Bacillus amyloliquefaciens souche MBI 600. La bande témoin a été semée au 20 août. La parcelle a reçu un apport de lisier car l’agriculteur qui héberge l’essai dispose d’un atelier de porcs.

Recul des attaques de grosses altises sur les colzas grâce à une combinaison de solutions agroécologiques

L’objectif de l’itinéraire agroécologique colza est de diminuer le recours aux insecticides grâce à une combinaison de techniques. Les adultes de grosses altises sont friands des jeunes pousses de colza qu’ils attaquent de la levée au stade 4 feuilles. Les larves sont également très préjudiciables à la culture. Présentes sur le sol, elles pénètrent dans la plante et perforent les tiges.


Le semis précoce du colza et le biocontrôle

En semant plus tôt, lorsque la météo le permet, les colzas arrivent à un stade plus avancé au moment des attaques d’altises.
En complément, afin de favoriser une croissance plus rapide des colzas, BASF a développé une solution de protection de semences, Integral® Pro , à base d’une bactérie. « Ce microorganisme agit comme biofongicide contre le phoma qui est un champignon pathogène du colza et comme stimulateur des défenses naturelles contre les ravageurs, indique Jean-Pierre Galle, responsable marketing colza chez BASF France division agro. Conséquence, cette stratégie permet d’éviter un traitement insecticide dans les situations de pression faible à moyenne. Cette plus-value compense très largement le léger surcoût de l’enrobage des semences, de moins de 2 € par hectare. »


Les plantes compagnes détournent les grosses altises

Les agriculteurs ont également implanté des couverts associés, composés de féverole et de lentille ou de féverole et de fenugrec. Ces plantes compagnes rendent le colza moins vulnérable aux attaques de grosses altises . Le mécanisme est encore peu connu, mais ces plantes agissent sur ces insectes, par confusion. En servant de leurres, les grosses altises ne viennent plus « grignoter » les jeunes pousses de colza.

Jean-Pierre Galle, responsable marketing colza

« Pour contrôler la grosse altise, l’idéal est de laisser le couvert de légumineuses le plus longtemps possible. La plante compagne crée ainsi une confusion pour le ravageur qui va perturber sa ponte. »

Jean-Pierre Galle, responsable marketing colza

Résultats probants des itinéraires agroécologiques en colza pour protéger l’eau

Les premiers résultats de l’essai agroécologique montrent une plus faible attaque de grosses altises en sortie d’hiver avec 0,4 larve par plante notées en moyenne, contre 3,3 sur les parcelles témoins, soit une diminution de près de 90 % de la pression en ravageurs. « Le colza est tout à fait capable de tolérer cette présence, explique Michael Lomme, conseiller de la Chambre d’agriculture de la Vienne. Un traitement insecticide s’avère en revanche nécessaire dans la bande témoin pour gérer les larves. »

Dans les parcelles conduites avec cet itinéraire vertueux, trois fois plus de biomasse est mesurée, en comparaison aux parcelles de colza conduites classiquement. Le sol s’enrichit en matière organique. Les agriculteurs ont réduit les apports d’azote au printemps. Au final, la bande associant tous les leviers permettant de réussir l’implantation du colza a fait 35 q/ha alors que la bande témoin ne produit que 24 q/ha.

« Dans la bande semée avec un colza de variété hybride dont la semence est traitée avec le biocontrôle Integral® Pro et en association avec de la féverole et du fenugrec, nous avons obtenu 550 g à 600 g de biomasse de colza par m² auxquels s’ajoutent 1,3 kg de plantes associées, poursuit Michael Lomme. Ce résultat montre que le lisier de porc a été bien valorisé. » Un bon point pour éviter la migration des nitrates à l’automne vers la nappe phréatique. Pour l’animateur du syndicat Eaux de Vienne, Jimmy Journaud, cet itinéraire innovant est gagnant-gagnant : « Il diminue les utilisations de phytosanitaires et nous permet de préserver une culture qui est favorable à la qualité de l’eau

2,5 fois moins de larves de grosses altises par plante ont été observées en moyenne dans les itinéraires agroécologiques colza et 3 fois plus de biomasse.

David Gourmaud, agriculteur à Paizay-le-Sec, éleveur de porcs et membre du GIEE du Gué-de-Sciaux

« Notre objectif est d’innover pour être capable d’allier économie et écologie. L’un ne va pas sans l’autre. L’expérimentation menée sur les colzas est un bon exemple de la possible conciliation de ces deux enjeux. Grâce à l’agronomie, aux solutions de biocontrôle et aux couverts associés, j’ai limité fortement la présence de grosses altises, un ravageur majeur dans notre région. Ces pratiques innovantes m’ont permis de faire l’impasse sur le traitement insecticide cette année. »

David Gourmaud, agriculteur à Paizay-le-Sec, éleveur de porcs et membre du GIEE du Gué-de-Sciaux

Pour aller plus loin

Solutions d’origine naturelle, les produits de biocontrôle se positionnent dans les programmes de traitement des cultures selon les principes de la protection intégrée. Ils renforcent la robustesse et la résistance de la plante ou complètent le mode d’action des produits conventionnels.

L’objectif général de la phase d’implantation du colza est d’assurer la mise en place de la composante du rendement nombre de pieds/m2. Le colza doit pouvoir faire face aux aléas climatiques et à la pression des ravageurs. La densité de peuplement en sortie d’hiver est un facteur important pour optimiser le rendement de son colza.

La grosse altise apparaît en septembre dans les parcelles de colza où elle va pondre ses œufs. Elle est responsable de morsures sur les jeunes plants. Mais ce sont surtout ses larves, en se développant dans les pétioles et les tiges, qui sont les plus nuisibles pour la culture.

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