La confusion sexuelle pour préserver la biodiversité

La préservation de la biodiversité est de plus en plus prise en compte par les agriculteurs et viticulteurs. Dans le vignoble français, la confusion sexuelle gagne du terrain. En remplaçant les insecticides, elle favorise le développement des auxiliaires, qui contribuent également à la protection des cultures. Conscients de ces bénéfices, nous misons sur cette méthode durable de lutte contre les ravageurs depuis plus de vingt ans. Des études ont mis en évidence l’impact positif de cette méthode de lutte sur la biodiversité.

En s’attaquant aux vignes, les tordeuses de la grappe réduisent la quantité et la qualité des récoltes. Pour y faire face, sans nuire à la biodiversité, un nombre croissant de vignerons ont recours à la confusion sexuelle. Cette technologie de biocontrôle, la plus développée pour l’heure, est développée sur 117 000 hectares de vignes en France. Son principe : brouiller les pistes entre les mâles et les femelles grâce à la diffusion de phéromones, pour empêcher les accouplements.

Redonner son rôle de régulateur à la biodiversité

« Elle réduit la pression des bioagresseurs sans impacter la biodiversité : les autres populations d’insectes ne sont pas touchées », explique Pascal Lacroix, Responsable du pôle agroécologie. Contrairement aux produits de synthèse, elle permet de redonner aux auxiliaires leur place dans la gestion des ravageurs. L’alliance entre la solution de biocontrôle et les auxiliaires des cultures, dont les populations sont préservées, est donc gagnante ! « La biodiversité a un rôle dans la régulation des bioagresseurs, comme les typhlodromes, ajoute Pascal Lacroix. Face au changement climatique, nous devons nous appuyer sur des combinaisons de leviers pour un contrôle efficace des bioagresseurs ». Cette méthode de lutte lève aussi tout risque de contamination de l’eau et de l’environnement plus généralement.

Des essais pour mesurer les bénéfices

Afin de mieux évaluer les bénéfices de la confusion sexuelle sur les populations d’auxiliaires et dans la régulation naturelle des ravageurs de la vigne, nous avons décidé de mener une étude avec l’entomologiste Johanna Villenave-Chasset, dans le vignoble alsacien… « Les auxiliaires adultes ont besoin de types d’habitats précis et de pollen pour se nourrir, explique Johanna Villenave-Chasset. Ces insectes pondent des œufs, des larves émergent ensuite. Ces dernières sont prédatrices des ravageurs de la vigne. L’arrêt du recours aux insecticides permet de semer des fleurs à l’intérieur et autour des parcelles. Les auxiliaires reviennent et combinent leur action à celle de la confusion sexuelle ».

Johanna Villenave-Chasset travaille depuis plusieurs années sur ce sujet. Avec son laboratoire de recherche Flor’Insectes, elle a déjà mené une étude de quatre ans en France dans 41 sites, entre 2015 et 2019, sur l’impact des Rak sur les populations d’auxiliaires de culture. Ses observations montrent que les capsules favorisent le contrôle naturel biologique des ravageurs de la vigne : en moyenne, le nombre d’auxiliaires est plus élevé sur les feuillages des plantes confusées. Il serait d’autant plus important en cas de présence d’infrastructures agroécologiques autour des parcelles. « L’accompagnement des agriculteurs dans la transition agroécologique, la réduction des intrants grâce à l’innovation et la réduction des impacts des produits phytopharmaceutiques font partie des piliers de notre feuille de route agroécologique pour 2030, insiste Pascal Lacroix. La confusion sexuelle a tout son sens dans ce cadre. »

« Retrouver l’équilibre » - Daniel KLACK, vigneron indépendant en Alsace

« Un projet a été initié il y a trois ans par le négoce Armbruster, pour installer les capsules Rak, mises au point par BASF France Agro, sur 1 200 hectares. 450 viticulteurs, issus des syndicats viticoles de Ribeauvillé, Riquewihr, Beblenheim et Zellenberg soutiennent cette initiative. Le vignoble alsacien est très morcelé, il était impératif de se regrouper pour assurer le succès de l’opération. Pour ma part, mes huit hectares sont couverts par les capsules depuis l’année dernière. Le recours à la confusion sexuelle nous permet de réduire l’utilisation des insecticides, pour lutter contre les ravageurs. L’avantage est que nous contribuons à recréer de la biodiversité. Les auxiliaires de culture attirés par les jachères peuvent aussi être des prédateurs des ravageurs. Nous voyons déjà des perce-oreilles par milliers. En replaçant le milieu naturel au sein de nos cultures, nous recréons un équilibre. Les auxiliaires et la confusion sexuelle sont les deux alliés de nos vignes, c’est l’avenir. Nous allons désormais tout faire pour étendre cette dynamique à d’autres villes. »

1 600 insectes ont été comptabilisés dans des parcelles confusées grâce aux capsules Rak, en présence de haies et de l’enherbement des inter-rangs, contre un peu moins de 600 en l’absence de ces diffuseurs, selon une étude menée entre 2015 et 2019.

En savoir plus

L’eau est un bien commun précieux, la protéger est une responsabilité collective. Ainsi, pour répondre à des objectifs environnementaux ambitieux, la France s’est dotée d’un cadre réglementaire complet de l’amont à l’aval du cycle de l’eau. Depuis quelques années, les phytosanitaires font partie des paramètres hautement surveillés au même titre que les nitrates, les phosphates, les hydrocarbures, etc.

L’agriculture tient une place prépondérante dans le combat pour préserver la biodiversité.

Depuis plusieurs années, les abeilles ne vont pas bien. Comment expliquer leur déclin ? Est-il inéluctable ? Quelles actions mener en tant qu’agriculteur pour améliorer leur santé ?

BASF est partenaire de Transition, le magazine de l’agroécologie réalisé par TV-Agri. Tous les jeudis, Jean-Paul Hébrard nous fait découvrir des initiatives menées par les acteurs du monde agricole pour créer un nouveau modèle de production à la fois performant et respectueux de l’environnement.

Utilisé en complément de la protection conventionnelle des cultures, le biocontrôle offre de nouvelles perspectives aux agriculteurs ! BASF est un des pionniers des solutions de biocontrôle, présent depuis trente ans en viticulture et en arboriculture.

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