Comment réduire les risques de pollution des eaux souterraines et de surface par les produits phytosanitaires ?

L’eau potable en France est l’un des aliments les plus surveillés et les plus sûrs au monde. Pour prévenir les risques de contamination des aires d’alimentation des captages, leurs zones les plus sensibles font l’objet de plans de protection spécifiques. Mais au-delà de ces périmètres de protection, c’est l’ensemble des ressources en eau qu’il est important de préserver. Sur les territoires agricoles, il est primordial de connaitre les sources de pollution potentielles par les produits phytosanitaires afin de s’en prémunir et de conserver ainsi une très bonne qualité de l’eau.

En France, 1000 captages ont été identifiés comme prioritaires au titre des pollutions diffuses agricoles. Ce sont les captages dits "Grenelle" ou "Conférence Environnementale". Ces captages, ou plutôt leurs aires d’alimentation, font l'objet de plans d'actions spécifiques.

Afin de prémunir ces sites sensibles, plusieurs périmètres de protection réglementaires sont définis sur l'aire d'alimentation du captage. Selon le périmètre, les mesures prises pour prévenir les risques de pollution sont variables, recommandées ou obligatoires.

Au-delà de ces périmètres, il est indispensable d’identifier les sources potentielles présentes sur les parcelles agricoles afin de préserver l’ensemble de la ressource en eau (nappes souterraines ou cours d’eau et plans d’eau en surface).

Quelles sont les principales causes de pollution des nappes souterraines et des eaux de surface par les produits phytosanitaires ?

Il existe 2 voies potentielles de contamination par les produits phytosanitaires :

  • Les pollutions ponctuelles qui ont lieu lors de l’utilisation des produits phytosanitaires : débordement lors du remplissage, mauvaise gestion des emballages, pulvérisateur mal réglé, vidange des eaux de rinçage inappropriée, dérives des gouttelettes de bouillie lors de l’application si elle est réalisée sans tenir compte des conditions météorologiques … Ce type de pollution peut être en grande partie évité en adoptant de bonnes pratiques.

    De nombreux outils sur les bonnes pratiques existent aujourd'hui, comme par exemple :

  • Les pollutions diffuses par infiltration ou par ruissellement qui sont liées aux conditions d’utilisation des produits (doses, périodes, techniques) mais qui sont aussi fortement influencées par la typologie des sols des parcelles.

    Elles peuvent être réduites grâce à la mise en place de bonnes pratiques culturales mais seront néanmoins soumises aux aléas météorologiques. Parmi les recommandations pour réduire les pollutions diffuses il est recommandé de réaliser un diagnostic de circulation de l’eau dans les parcelles ( exemple diagnostic DPR2 du CRODIP )

Pollution diffuses par infiltration

Quels sont les facteurs de risques favorisant la contamination des nappes phréatiques ?

La principale cause d’infiltration est la perméabilité du sol et des roches qui permet un transfert vertical de l'eau en période de recharge des nappes. Au printemps et en été, l’infiltration de l'eau est faible (prélèvements par les racines) et les molécules phytosanitaires ont le temps de se dégrader avant la période de recharge de la nappe souterraine. Les sols ayant une grande capacité de rétention de l’eau sont moins propices aux infiltrations vers les nappes. C'est le cas, par exemple des limons profonds.

En revanche, sur des sols superficiels, sur des sols argileux fissurés par des fentes de retrait en période sèche, ou encore au niveau de zones d'infiltrations préférentielles comme les dolines dans les régions karstiques, l'infiltration de l'eau est potentiellement rapide et des transferts de molécules vers la nappe souterraine peuvent se produire.

Pollution diffuses par ruissellement

Il existe plusieurs types de ruissellement :

  • Le ruissellement de surface

Lorsque l'eau s'accumule en surface pour former des petits ruisseaux sous l'effet du relief et de la forme de la parcelle, on parle de ruissellement de surface. L'érosion favorise alors le transfert de substances liées au sol tels que les produits phytosanitaires. Ce phénomène s'observe généralement lors d'orages de printemps, en particulier sur des sols battants comme les boulbènes. La pente accentue le phénomène car l'eau s'accélère. Dès 1 à 2% de pente, l'écoulement se concentre et creuse des rigoles et parfois même des ravines.

Pollution diffuses par ruissellement

  • Le ruissellement par saturation

Les sols hydromorphes sont liés à une couche imperméable souterraine. Ils sont sujets au ruissellement par saturation : l'eau déborde en surface ou en hypodermique.

  • Comment prémunir ses parcelles contre le ruissellement ?


Il existe de nombreuses pistes pour limiter l’érosion des sols et par conséquent le risque de ruissellement : Les pratiques culturales sont l’un des leviers les plus efficaces (herbisemis, travail du sol superficiel….). Dans la mesure du possible, il faut :

  • éviter les tassements de sols et les préparations trop fines,
  • semer dans le sens perpendiculaire à la pente.

Pour cela :

  • L’utilisation d'effaceurs de traces de roues derrière le semoir peut limiter les tassements. Une expérimentation menée en partenariat avec la Chambre Régionale d’Agriculture de Bretagne et BASF a montré une diminution de 64% du ruissellement,
  • L’introduction de couverts associés, pour le colza par exemple, ou en interculture peut améliorer la structure du sol,
  • Les aménagements extra-parcellaires permettent également de ralentir le ruissellement : zones tampons ou bandes enherbées en bordure de cours d’eau, en coin bas, en rupture de pente interceptent le ruissellement, zones humides artificielles.

Pour en savoir plus sur les risques de pollutions ponctuelles et diffuses

Comment évaluer les facteurs de risques sur ses parcelles ?

La réalisation d'un diagnostic de vulnérabilité permet de définir les voies de circulation de l'eau et ainsi de mettre en place les solutions adaptées.

Pour en savoir plus

En savoir plus sur la protection des ressources en eau

La gestion de l’eau est encadrée par un dispositif réglementaire volontariste porté au niveau national par le ministère de l’écologie et en régions par les comités de bassins des 6 agences de l'eau.

Pour gérer de façon responsable les ressources en eau, il est indispensable de bien connaître le cycle de l’eau et notamment de distinguer eaux de surface et eaux souterraines.

BASF a mis en place une stratégie responsable de l’utilisation de ses molécules phytosanitaires pour améliorer la qualité de l’eau, notamment sur les aires d’alimentation de captage d’eau potable. Une initiative qui s’inscrit au niveau local avec les acteurs du territoire.

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