Le désherbage d’automne des céréales : quel est-il ? quel est son intérêt ?

S’il y a 10 ans, on ne désherbait à l’automne uniquement quand les conditions étaient particulièrement propices (peu de pluies et des températures douces) ; il n’en est plus rien ! Intervenir à l’automne est devenu incontournable.

En effet, les solutions anti-graminées de sortie d’hiver ont perdu en efficacité, parce que les conditions d’utilisation ne peuvent être optimales et parce que les applications répétées de mêmes modes d’action ont sélectionné des adventices résistantes.

Pour lutter contre le salissement des parcelles, il existe des leviers agronomiques – dont la majorité sont à mettre en place à l’automne ; et des leviers chimiques.

Les leviers agronomiques à mettre en place à l'automne

Si les leviers agronomiques présentent des efficacités intéressantes sur les graminées (figure 1), ils ont aussi des limites. Il est possible donc de trouver un ou plusieurs leviers plus facilement utilisables sur une parcelle ou une exploitation :

  • réalisation d’un labour pour enfouir les graines à une profondeur où elles ne pourront pas germer, et où une partie d’entre elles vont perdre leur pouvoir germinatif. Pour les ray-gass et vulpin, il faut viser un labour tous les 3-4 ans pour éviter de remonter des graines encore viables trop tôt. Pour le brôme, un labour par an ne pose pas de problème.
  • le décalage de la date de semis permet de diminuer le nombre de graines d’adventice qui vont lever : plus marqué sur le vulpin (qui ne lève généralement plus après le 15 décembre) que sur le ray-grass qui peut lever toute l’année.
  • le faux-semis, permet de favoriser la levée des adventices pour les détruire aussitôt avec des outils ou un herbicide total ; avant de semer la céréale. En conditions sèches, l’efficacité est moindre.

L'intérêt des herbicides d'automne

Les herbicides utilisables dès l’automne, présentent un intérêt et une complémentarité vis-à-vis des herbicides de sortie d’hiver.

  • Limiter la concurrence des adventices au plus tôt.
    Les adventices ont aussi besoin d’eau, de lumière et d’azote ; leur croissance se fait donc au détriment de la céréale. Dans les essais BASF, un programme herbicide composé d’un passage à l’automne (qui a permis de limiter l’implantation des adventices), suivi d’un passage en sortie d’hiver, permet de gagner 35q par rapport au témoin non désherbé ; et 12q par rapport à un passage unique en sortie d’hiver. (figure 2).

  • Diminuer la pression adventice pour limiter le salissement les années suivantes
    Il y a bien un enjeu court terme (rendement et salissement) et un enjeu long terme (préserver le capital de la parcelle) dans la gestion des adventices. Toute adventice qui reste peut monter en graine et salir la parcelle pour les années suivantes. Il est donc important de viser une efficacité maximale. Intervenir dès l’automne permet de gagner en efficacité même si les produits racinaires d’automne n’ont pas toujours une efficacité parfaite, comme l’illustre la figure 3.

  • Gérer les graminées et dicotylédones résistantes aux herbicides de sortie hiver. Les herbicides d’automne ont des modes d’action différents de ceux utilisés en sortie d’hiver, et présentent des efficacités intéressantes. Pour la lutte contre les graminées, il y a 7 modes d’action différents des 1 et 2 utilisables à l’automne, comme le montre la figure 4.

Dans le cas de résistances avérées aux groupes 1 et 2, la seule solution est de passer à l’automne, une ou deux fois.

Utiliser des modes d’action variés permet d’éviter de focaliser la pression sur un seul mode d’action et assure la possibilité de conserver des substances efficaces dans les années à venir. Raisonner son désherbage à l’échelle de la rotation permet de diversifier les modes d’action utilisés, en jouant sur leur alternance et leur association.

Si la lutte à l’automne cible surtout les graminées, n’oublions pas que les substances actives ont aussi des efficacités sur dicotylédones ; il est donc possible de gérer également à l’automne un problème de dicots, par exemple, la pendiméthaline est la substance la plus efficace sur coquelicot, comme le montre la figure 5.

  • Alléger les chantiers de sortie d’hiver.
    Le nombre de jours disponibles pour traiter est généralement plus important à l’automne qu’en sortie d’hiver.

Comment réussir son désherbage d’automne ?

Les produits racinaires sont plus « complexes » à utiliser que les foliaires de sortie d’hiver ; pour optimiser leur efficacité et leur sélectivité, il convient de respecter les bonnes pratiques indiquées dans le tableau suivant :

Les pratiques Impact positif sur l’efficacitéImpact positif sur la sélectivité
Sol soigneusement préparé, semis régulier bien couvert (2,5 cm)VV
Privilégier un sol humide au moment de l’applicationV 
Décaler l’application si de fortes pluies sont annoncées après traitement V
Sur sols sableux privilégier les applications en post-levée V
Sur des sols très argileux ou avec un taux de matière organique > 6% et sur sols très caillouteux, privilégier l’utilisation de produits à action foliaireV 
Sur sols hydromorphes, privilégier l’utilisation de produits à action foliaire V

Quoiqu’il en soit, il convient de respecter les conditions d’emploi des herbicides, et d’en consulter les étiquettes.

Nos solutions herbicides pour le blé

Intervenir à l’automne, présente beaucoup d’avantages : limiter la concurrence des adventices au plus tôt, diminuer la pression adventice pour limiter le salissement les années suivantes, gérer les graminées et dicotylédones résistantes aux herbicides de sortie hiver et alléger les chantiers de sortie d’hiver.

Benoît exploite des surfaces importantes en céréales et oléagineux dans l’Eure-et-Loir. Depuis quelques années, il rencontrait des problèmes importants de désherbage en raison du développement de résistances du vulpin et du ray-grass aux herbicides à base de sulfonylurées. Pour obtenir des parcelles propres, il était obligé de compléter le désherbage au printemps.

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