Bien raisonner ses semis d’orges d’hiver
Le principe consiste à répartir les risques liés au climat (gelées en début de cycle et échaudage en fin de cycle) en semant des variétés d’orges d’hiver de précocités différentes à la bonne date et à la bonne densité.
Trouver le bon compromis entre dates de semis des orges d’hiver et choix variétal
Les dates de semis doivent être choisies en fonction des exigences physiologiques des variétés retenues.
Semis précoces des orges d’hiver
La précocité de l’orge d’hiver par rapport au blé est un atout de la culture : cela permet d’étaler les travaux de récolte et d’échapper à l’échaudage dans les sols caillouteux et séchants. Son cycle de développement est plus rapide que celui du blé, le tallage est plus long et plus important, la montaison est plus courte et la maturation, plus précoce.
L’orge étant plus sensible que le blé aux fortes températures intervenant au moment de la formation des grains, on pourra semer tôt de façon à avancer la période de remplissage du grain.
Attention toutefois à ne pas semer trop tôt les variétés précoces, car les conséquences pourraient être lourdes :
- dégâts de gel d’épis sur les variétés très précoces à montaison ;
- risque de verse et de développement des maladies sur les variétés les plus sensibles ;
- contamination des plantes par des virus transmis par les ravageurs d’automne (JNO).
Semis tardifs des orges d’hiver
On sèmera tard les orges d’hiver lorsque les conditions climatiques ont été limitantes et ont pénalisé les structures de sol. L’orge est en effet plus sensible que le blé à l’anoxie racinaire (manque d’oxygène lié à une mauvaise structure ou un excès d’eau).
Un retard au semis d’un mois se traduit par un retard d’une semaine seulement à l’épiaison et moins de cinq jours à maturité (ce qui rapproche aussi la culture de probables périodes plus échaudantes).
L’orge d’hiver est plus sensible au froid que le blé. On évitera donc les semis tardifs pour que le tallage, stade de plus grande résistance au froid, soit atteint avant la période des fortes gelées.
Semis d’orge d’hiver : à retenir
- Le plus gros risque, en semant tard, est de s’exposer à un gel précoce.
- En moyenne, les pertes de rendement observées sur des semis tardifs sont modérées (10%), avec une variabilité liée à différents facteurs : conditions d’implantation et climat hivernal, type de sol, conditions climatiques de fin de cycle (échaudage, stress hydrique).
- Un retard d’un mois au semis peut se traduire par un décalage de l’épiaison d’une semaine.
- Augmenter les densités de semis de 20 à 30 grains/m² par rapport aux références de semis au 15 octobre.
Jouer sur la densité de semis des orges d’hiver
Si la densité de semis peut constituer un levier pour compenser d’éventuelles pertes hivernales avec les orges d’hiver (2 rangs), il n’en va pas de même avec l’escourgeon (6 rangs). En effet, celui-ci présente une forte fertilité épis : il adapte le nombre d’épis et le nombre de grains par épi pour arriver à des rendements pratiquement équivalents en partant de densités de semis très différentes.
Jouer sur la date de semis des orges d’hiver pour limiter le risque insectes et viroses
Décaler les dates de semis des orges d’hiver de 5 à 10 jours par rapport aux préconisations habituelles selon les régions permet de diminuer l’exposition aux insectes. En effet, les semis précoces sont davantage soumis à des conditions météo propices aux pucerons (le seuil de vol des pucerons étant d’environ 12°C). Attention, des infestations peuvent survenir même en semis plus tardifs si les conditions climatiques de l’automne sont longtemps favorables à l’activité des pucerons (cas de l’automne 2015).