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Gestion des modes d’action : construire un programme efficace et durable

Face à la résistance aux fongicides développé par certaines souches pathogènes, comment préserver le plus longtemps possible l’efficacité des solutions disponibles ? C’est tout l’enjeu de la gestion des modes d’action fongicides en viticulture. Elle passe par une combinaison de mesures appropriées (mesures prophylactiques, choix des spécialités, alternance et association des modes d’action, qualité de pulvérisation…) et la mises en œuvre de stratégies d’utilisation des produits fongicides.

Qu'est-ce qu'une résistance ?

Quand une maladie fongique se déclare dans un vignoble, elle est la résultante d’une infection provoquée par des spores différentes d’un même champignon. On appelle cet ensemble, une population.

Chacune de ces spores présente des caractéristiques génétiques qui lui sont propres faisant que certaines d’entre elles peuvent être naturellement plus ou moins sensibles à l’action d’un fongicide unisite. On dit communément qu’elles sont plus ou moins sensibles (A, B, C et D) ou résistantes (E).

Les spores résistantes en très petit nombre dans la nature au départ, non détectables au sein des vignobles, se développeront après élimination des plus sensibles, par un jeu naturel de croisements génétiques au fur et à mesure des applications successives d’un même mode d’action fongicide (= ensemble de matières actives ayant la même cible moléculaire chez un agent pathogène. Ex. SDHI, CAA...).

Le saviez-vous ?

La résistance est un phénomène naturel. Dans la nature, la(les) mutation(s) conférant la résistance d’un champignon à un mode d’action donné n’apparaît pas suite à l’application de celui-ci. L’origine de la résistance provient de spores préexistantes dans la nature (variabilité génétique), présentes à une fréquence suffisamment faible pour passer inaperçues. Ce sont les applications répétées d’un même mode d’action, sans aucune mesure de gestion, année après année qui vont sélectionner rapidement ces spores.

La résistance implique-t-elle obligatoirement une perte d’efficacité au champ ?

  • Non, parce que le diagnostic de ‘résistance’ ne peut être fait que dans un contexte artificiel de laboratoire.
  • Non, parce que les modes d’action sont différents les uns des autres (SDHI, CAA, QoI, triazoles...) et que les mécanismes de résistance développés par les champignons sont eux aussi différents.
  • Non, contrairement au laboratoire, au vignoble, les matières actives fongicides sont développées de façon à améliorer et faciliter leur action sous forme de produits formulés. Plusieurs matières actives peuvent être associées les unes aux autres et sont utilisées dans le cadre de programmes raisonnés notamment en fonction des caractéristiques des produits, de la pression parasitaire, de la dynamique de la maladie, etc.

Le saviez-vous ?

Nous pouvons donc vivre avec des résistances si elles sont gérées de manière adéquate pour limiter leur évolution. La résistance aux IBS chez l’agent responsable de l’oïdium de la vigne a été identifiée pour la première fois à la fin des années 80. Nous savons que cette résistance est largement observée au niveau des vignobles français et qu’il existe une résistance croisée entre les différentes matières actives appartenant à ce mode d’action. Malgré cela, les IBS continuent à être utilisés avec succès. En pratique, au vignoble, nous pouvons donc vivre avec des résistances si elles sont gérées de manière adéquate pour limiter leur évolution.

Pourquoi conserver tous les modes d’action ?

Il ne faut pas éliminer des modes d’action, parce que ce serait :

  • en utiliser d’autres peut-être moins adaptés,
  • en utiliser d’autres de manière plus intensive et donc augmenter le risque de sélectionner de nouvelles résistances,
  • risquer de mener à des impasses par suppression progressive de l’ensemble des modes d’action,
  • compter uniquement sur le renouvellement constant des modes d’action… très incertain aujourd’hui.


Il est donc nécessaire de conserver tous les modes d’action, parce que c’est :

  • pérenniser des solutions de lutte contre l’ensemble du complexe parasitaire,
  • se laisser les moyens de choisir le bon produit à bon escient,
  • exploiter les potentialités de chaque matière active, y compris celles concernées par la résistance,
  • offrir aux viticulteurs les meilleures chances de réussite.


Gérer les modes d’action en viticulture, c’est mettre en oeuvre toutes les stratégies disponibles pour que les matières actives conservent leur efficacité optimale le plus longtemps possible.

Le saviez-vous ?

Les Qol anti-mildiou vraiment finis ? La résistance du mildiou aux QoI a largement régressé : aujourd’hui, 1 souche sur 2 est de nouveau sensible aux QoI… devons-nous réellement nous priver de ce mode d’action ou repenser l’utilisation dans un programme anti-mildiou ?

Comment gérer les modes d'action en viticulture ?

  • L’impact de la résistance peut être minimisé ou retardé si les viticulteurs intègrent de façon systématique quelques règles élémentaires, dites de gestion des modes d’action.
  • Dans cette gestion des modes d’action, la première mesure indispensable à mettre en place est l’utilisation des produits en préventif. D’ailleurs, d’un point de vue contrôle de la maladie, un positionnement tardif n’est pas à conseiller, car les dégâts sont déjà faits et la réduction de la sporulation n’est pas déterminante pour enrayer une épidémie.
  • Pour une gestion optimisée des modes d’action en viticulture, pensez à :

Le saviez-vous ?

La gestion des modes d'action concerne tous les produits. La gestion de la résistance est une démarche continue, qui débute avec l’évaluation du risque de résistance (pendant le développement du produit) et se poursuit par la sélection de mesures appropriées (avant la mise sur le marché) et la mise en oeuvre de différentes stratégies (pendant toute la durée de l’utilisation commerciale de la matière active). La gestion d’un mode d’action doit se faire dès son introduction sur le marché… Il ne faut pas attendre que la résistance se développe pour agir de façon responsable.

Comment BASF vous aide à définir vos stratégies de gestion des modes d’action ?

En surveillant la sensibilité de l’agent pathogène visé pour savoir si les stratégies d’utilisation du produit formulé au vignoble sont toujours pertinentes ou non. Cette surveillance repose principalement sur l’analyse des résultats obtenus par 2 méthodes d’évaluations complémentaires :

  • 1ère méthode : les monitorings (Outils de laboratoire servant à observer l’évolution de la sensibilité d’un champignon spécifique à une matière active donnée.)
    • Le monitoring permet d’obtenir la photographie de la sensibilité moyenne d’un agent pathogène à l’instant T. Il est réalisé chaque année pour connaître le statut d’une résistance (développement, stabilisation ou régression). Il n’est en aucun cas un moyen de prédire des pertes d’efficacité d’un produit formulé au vignoble.
    • Chaque année, BASF réalise plus de 500 prélèvements dans les principaux vignobles pour 3 maladies (mildiou, oïdium et botrytis), 5 modes d’action et 6 matières actives fongicides sont suivis.

  • 2ème méthode : les essais de valeur pratique (Outils de terrain permettant d’observer l’efficacité de produits formulés - en situations sensibles ou résistantes - dans les conditions du viticulteur.)
    • Le résultat des essais de valeur pratique valide les meilleures stratégies d’utilisation des produits, pour valoriser les points forts de chacun des modes d’action et les garder efficaces le plus longtemps possible.
    • Chaque année, près de 30 essais sont mis en place sur mildiou, oïdium et botrytis, répartis sur l’ensemble du vignoble français.

Chaque année, la confrontation des résultats de ces deux méthodes conduit à l’élaboration des recommandations pour l’année suivante. Le respect de ces recommandations doit permettre d’apporter l’efficacité en pratique des programmes de protection mis en oeuvre par les viticulteurs.

Le saviez-vous ?

La gestion des modes d'action : faire la part des choses... La résistance est un enjeu majeur de la réussite de la protection. Il n’en reste pas moins que les premières causes d’échec au vignoble sont d’abord liées à la qualité de pulvérisation ou au programme mis en oeuvre (choix des produits, positionnement, respect des cadences, etc.).

Quels sont les enjeux d’aujourd’hui ?

  • Protéger la vigne avec toutes les solutions disponibles : agronomie, mesures prophylactiques, moyens de lutte conventionnels et complémentaires, etc.
  • Maintenir une production viticole de qualité, durable et économiquement rentable. Pour cela, et quel que soit le système de production, les produits phytosanitaires sont pratiquement incontournables dans le contrôle du mildiou, de l’oïdium ou de la pourriture grise.
  • Utiliser et conserver tous les modes d’action disponibles. Innover avec de nouveaux modes d’action fongicides est de plus en plus difficile et les critères d’homologation sont de plus en plus complexes. Construire un programme de protection basé sur l’utilisation unique de matières actives multisites n’est pas une solution durable : bien que le risque de résistance soit plus faible que celui d’une matière active unisite, ces matières actives multisites présentent d’autres inconvénients (profils toxicologiques/écotoxicologiques et environnement). Compte tenu des enjeux agronomiques et sociétaux actuels, la recherche s’oriente à la fois vers des substances actives unisites et des produits de biocontrôle.
  • Convaincre l’ensemble des acteurs de la filière de la nécessité de mettre en place les stratégies de protection les plus pertinentes intégrant en particulier la prévention et la gestion des résistances.

Le saviez-vous ?

Gérer les modes d'action, c'est du concret. L’objectif premier d’une stratégie de gestion des modes d’action fongicides est de garantir le maintien d’une efficacité optimale de la lutte chimique, pour un usage donné, impliquant l’utilisation de molécules unisites et ce, à la fois dans l’espace et dans le temps.

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