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Protection anti-black-rot : « Être vigilant face à cette maladie sournoise »

Si certaines régions comme la Touraine sont habituées au risque black-rot, d’autres plus au sud, doivent désormais composer avec. Le bon choix des traitements et l’anticipation semblent être les solutions principales pour éviter les catastrophes en cas de forte pression. José Marteau, vigneron indépendant sur Thenay, à l’est de Tours, et Jean-Philippe Calmet, vigneron coopérateur à la Cave de Sommières dans le Gard, partagent leurs expériences.

Quel est le niveau de pression black-rot sur votre domaine, et quelles en sont les conséquences ?


  • José Marteau, vigneron à Thenay (Touraine – Loir-et-Cher) : Depuis plus de vingt ans maintenant, le black-rot est un problème dans notre secteur. C’est une maladie sournoise. Elle ne frappe pas chaque année, et pas toutes les parcelles. Certains cépages semblent plus sensibles, principalement les gamays et sauvignons chez nous, mais aussi les cabernets francs et des côts certaines années. Certains sols semblent aussi plus favorables. Sur mon exploitation, les parcelles de sols légers, de sables sur graviers, semblent plus propices à la maladie. En 2013, la maladie a touché 6 de mes 36 ha de vigne, en y détruisant près de 50 % de la récolte. La maladie dessèche les grappes, n’entraînant pas d’incidence sur la qualité du vin, mais plutôt sur la quantité. Quand les feuilles sont touchées par la maladie, les grappes ont des difficultés à atteindre une bonne maturité.

  • Jean-Philippe Calmet, vigneron à Aspères (Gard) : Le black-rot est apparu sur notre secteur depuis deux ans. Sur mon exploitation, je n’ai pour l’instant pas eu de maladie, grâce à mes bonnes pratiques de traitement, je pense. Chez nous, le cépage grenache est très sensible, le merlot doit être bien surveillé, et la syrah est un peu moins soumise au black-rot. Des voisins ont déjà subi la maladie, surtout en 2014, et moins en 2015. Ceux qui n’ont pas traité tôt ou qui ont réalisé des traitements dilués, par soucis d’économie, ont eu des attaques de black-rot avec des conséquences à la récolte, notamment des parcelles non vendangées ! D’autres ont pu maîtriser la maladie, limitant la casse.

Comment prenez-vous en compte le black-rot dans votre programme de traitement ?

  • José Marteau : Pour ne pas se faire piéger avec le black-rot, le maître mot est la vigilance ! Pour cela, je traite avec des produits anti-mildiou à base de dithiocarbamates, à dose efficace.

  • Jean-Philippe Calmet : Depuis deux ans, j’intègre le black-rot dans mon programme de traitement en plus des anti-mildiou et anti-oïdium. Cela me coûte quelques euros de plus, mais permet d’éviter l’installation de la maladie. J’utilise, en mélange, des produits de la famille des IBS avec du Vivando® de BASF. Pour ne prendre aucun risque, je traite l’ensemble de mes 25 ha, quelle que soit la sensibilité des cépages au black-rot.

Avez-vous mis en place des mesures de prophylaxie ? Si oui, lesquelles ?


  • José Marteau : Certains conseillent de retirer les bois de taille pour limiter la pression maladie, mais ce n’est pas suffisant, car la maladie se trouve aussi et surtout sur les feuilles, qui, une fois tombées, peuvent contaminer le sol.

  • Jean-Philippe Calmet : Je n’ai pas encore mis en place la prophylaxie sur mon domaine face au black-rot. Certains recommandent en effet de tirer les bois, mais il reste toujours quelques sarments, donc la prophylaxie ne suffit pas.

Avez-vous des pratiques particulières pour le black-rot en matière de pulvérisation ?


  • José Marteau : Depuis deux ans, j’ai remplacé les anciens pendillards de mon pulvérisateur par un système pneumatique (type Belly) avec jets portés à flux tangentiels. Avec les bonnes pratiques de pulvérisation, à savoir traiter le matin et sans vent, votre bouillie est mieux appliquée, et pénètre mieux dans le feuillage grâce à la nouvelle turbine. En diminuant le volume de bouillie de 250 l à 150 l/ha, il faut être précis dans ses passages. Pour les zones à forte pression black-rot, je réduis sensiblement la vitesse d’avancement pour apporter plus de bouillie.

  • Jean-Philippe Calmet : En traitant avec mon pulvé face par face Idéal, avec neuf jets de chaque côté, en passant tous les deux rangs, j’applique la bouillie correctement sur le feuillage, ce qui permet une très bonne protection, notamment contre le black-rot. Les bonnes conditions de passage – hygrométrie et vent – pour traiter efficacement jouent aussi beaucoup.

Avez-vous fait évoluer vos pratiques récemment ou pensez-vous évoluer en 2016 ?


  • José Marteau : Je ne pense pas utiliser forcément de nouveaux produits, mais je suis attentif à choisir les plus efficaces, en faisant attention de bien alterner les familles pour éviter les résistances. Quant aux pratiques de traitement, ma nouvelle rampe m’apporte satisfaction. L’objectif est bien de rester dans la vigilance et l’anticipation, pour faire face à cette maladie toujours sournoise !
  • Jean-Philippe Calmet : Avec l’hiver doux de 2015-2016, le potentiel de contamination black-rot pour l’année prochaine risque d’être élevé. Il va donc falloir être très réactif, pour protéger la vigne dès 2-3 feuilles.

Quelques chiffres

1885C’est la date de la première identification du black-rot en France, par Viala et Ravaz, dans l’Hérault.
9°CC’est la température à partir de laquelle le black-rot se développe (donc, avant le mildiou), même si son optimum de croissance se situe à 23-25 °C.
6hC’est le temps de germination d’une spore, en présence d’eau ou de 90 % d’humidité.
10 à 25jC’est la durée nécessaire au champignon pour fructifi er et produire une contamination secondaire.
100%C’est la perte de récolte que peut occasionner une attaque de black-rot. 2015 est malheureusement là pour le rappeler.

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