La rouille jaune, une maladie incontournable du blé

La pression exercée désormais par Puccinia striiformis dans de nombreuses régions de France fait de la rouille jaune une maladie aussi préjudiciable que la septoriose ou la rouille brune. Les agriculteurs doivent en tenir compte dans la construction de leurs programmes fongicides et la sensibilité des variétés à cette maladie.

Troisième maladie incontournable du blé

Les durs enseignements : l'exemple de la récolte de 2014

Quasi inexistante il y a encore dix ans pour la plupart des céréaliers, puis cantonnée au rang de maladie secondaire dans quelques régions, la rouille jaune a dû être prise en compte partout en France dans la construction des programmes fongicides blé à partir de la campagne 2014-2015, au même titre que la septoriose ou la rouille brune.
En effet, la nuisibilité de cette maladie venue du Nord de l’Europe a été particulièrement forte en 2014, y compris dans des régions habituellement peu ou pas concernées par cette maladie. Ceux qui n’avaient pas prévu les bons outils et les bonnes méthodes pour la contenir ont peiné à la maîtriser, mettant parfois fortement à mal leurs rendements.


La plupart des céréaliers ont intégré la rouille jaune dans leur stratégie de protection contre les maladies du blé en 2015

Le cabinet d’études ADquation a réalisé pour BASF une enquête* auprès de 500 céréaliers pour savoir en quoi la rouille jaune avait affecté leur campagne 2014 et s’ils allaient la prendre en compte pour la campagne suivante.
La rouille jaune a alors été désignée par 40% des agriculteurs interrogés comme la maladie la plus difficile à contrôler cette année là sur le blé tendre d’hiver.
Ils reconnaissent aussi que la pression exceptionnellement forte de la maladie a dès cette année impacté leurs programmes fongicides (précocité du T1, nombre de passages, surcoûts…). Plus de la moitié des agriculteurs interrogés ont déclaré qu’ils tiendraient donc compte de la sensibilité à la rouille jaune dans leur choix variétal dès la campagne suivante.
Un quart d’entre eux envisageaient également de modifier leur programme fongicide pour mieux lutter contre cette maladie.

*Etude réalisée par téléphone du 2 au 22 juillet 2014 sur un échantillon représentatif de 503 agriculteurs cultivant au moins 10 ha de BTH.


Le nombre de variétés de blé sensibles à la rouille jaune augmente

La rouille jaune montre une évolution de sensibilité préoccupante avec de nouvelles races – telle la souche Warrior – plus agressives et plus tolérantes aux UV et aux températures élevées.
Résultat : des variétés de blé réputées peu sensibles à la maladie peuvent rapidement se retrouver attaquées.

Pourquoi la rouille jaune gagne-t-elle du terrain ?

La rouille jaune se caractérise par :

  • Un cycle très rapide
    Neuf jours suffisent lorsque les conditions sont favorables pour relancer la maladie, d’où le côté souvent explosif des attaques.
  • Une dissémination facile
    Les spores de Puccinia striiformis peuvent être disséminées par le vent aussi bien à proximité du foyer que sur de très longues distances.
  • Une capacité de mutation importante
    Apparition par mutation de nouvelles races particulièrement virulentes et résistantes, comme la souche Warrior, qui parviennent à contourner la tolérance à la rouille jaune de certaines variétés de blé.


L’ensemble du territoire est touché

Les régions septentrionales ou proches des façades océaniques ne sont plus les seules concernées par les attaques de rouille jaune. Le printemps 2014 a montré que la rouille jaune pouvait s’étendre à l’ensemble du territoire. L'observatoire rouille jaune que nous avons installé dès 2013 a depuis mis en évidence la précocité, la virulence et la généralisation de l’épidémie. Par ailleurs, la rouille jaune s’est développée dans la plupart des bassins céréaliers, y compris le Sud-Ouest et la région Rhône-Alpes.

Sans protection, jusqu’à 70% de perte de rendement

Sur blé, 85% du rendement est élaboré par les deux dernières feuilles et l’épi. Il est donc essentiel de protéger les feuilles contre la septoriose et la rouille brune, mais aussi désormais contre rouille jaune, y compris en encadrement de la dernière feuille étalée (T2) si la pression est forte. Les dégâts de cette dernière peuvent en effet affecter jusqu’à 70 % de la récolte !

Pour aller plus loin :

Pour Anne Plovie, responsable du service agronomie et agriculture durable de la coopérative Cap Seine (Haute-Normandie), la rouille jaune est devenue une maladie à surveiller de près, au même titre que la septoriose. Nouvelles souches, tolérance variétale mise en défaut, attaques précoces... De nombreuses évolutions sont à prendre en compte.

Plus fréquente et plus virulente que par le passé, la rouille jaune doit désormais être intégrée dans les programmes de protection fongicide des blés. Une lutte efficace passe par un choix variétal judicieux et une intervention dès l’apparition des premiers foyers. Ce qui suppose une surveillance des parcelles dès la fin de l’hiver.

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