Biologie de l'excoriose de la vigne
Le champignon responsable de l’excoriose se transmet très tôt, dès le débourrement, si les conditions sont humides et pluvieuses dans les jours qui suivent ce stade précoce.

Le cycle du champignon
Le champignon responsable de l’excoriose, Phomopsis viticola, se conserve pendant l’hiver sous forme de mycélium et de pycnides sur les sarments de vigne, et sous forme de mycélium dans les futurs bourgeons.
Au printemps, les pycnides présentes à la surface des bois de l’année précédente arrivent à maturité, et, sous l’effet de l’humidité, libèrent leurs cirrhes, petits cordonnets jaune pâle tortillés et mucilagineux qui contiennent les pycniospores. La pluie dilue les cirrhes et permet ainsi aux spores de se débarrasser de leur gangue de mucilage. Projetés par les éclaboussures d’eau, les spores peuvent alors contaminer les jeunes bourgeons. Le champignon se dissémine sur de courtes distances autour de la source d’inoculum, quelques dizaines de centimètres. On dit que l’excoriose est une maladie à foyer.
La contamination se produit si les spores se déposent sur un organe réceptif, les bourgeons au stade D, et si la durée d’humectation est assez longue. A Bordeaux, à 10°C, il faut une douzaine d’heures d’humectation pour que la contamination puisse avoir lieu, à 15°C, il faut 9 heures (Bugaret, 1986).
Le champignon se développe ensuite dans le parenchyme cortical de la vigne, en formant un tapis mycélien pseudoparenchymateux. Le tapis mycélien de couleur brune laissera ensuite apparaître des ponctuations brunes et des nécroses.
Pendant l’été, la maladie stoppe son cycle. Dans les régions au climat chaud et sec, le champignon reste inactif et ne reprend son activité qu’à l’automne. Dans les régions moins chaudes, il reste actif mais la vigne n’est plus réceptive aux contaminations.
Conditions favorables à la contamination de la vigne par l’excoriose
L’humidité et la pluie après le débourrement sont indispensables au développement de l’excoriose. Les pycnides n’émettent leurs cirrhes que si l’humidité relative est supérieure à 85 %. Les contaminations ne se produisent qui si les spores peuvent être projetés par les éclaboussures d’eau et que le temps d’humectation est assez long.
Certains cépages sont plus sensibles que d’autres à l’excoriose. L’INRA de Bordeaux (Bugaret, 1986) a établi le classement suivant :
- Cépage pratiquement résistant à l’excoriose : Pinot Meunier.
- Cépages peu sensibles à l’excoriose : Baroque, Cabernet franc, Carignan, Cinsault, Fer Servadou, Italia, Merlot, Petit Manseng, Raffiat, Sylvaner, Traminer et Ugni Blanc.
- Cépages moyennement sensibles à l’excoriose : Alicante Bouschet, Aligoté, Chenin, Chasselas, Colombard, Dattier de Beyrouth, Folle Blanche, Grenache, Mauzac, Muscat d’Alexandrie, Ondenc, Sauvignon, Sémillon, Servant, Syrah et Tannat
- Cépages très sensibles à l’excoriose : Alphonse Lavallée, Cabernet Sauvignon, Cardinal, Grolleau, Gros Vert Ovale, Muscadelle, Müller-Thurgau et Perle de Csaba.
Tous les facteurs qui augmentent la vigueur de la vigne sont aussi favorables au développement de l’excoriose.