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Comment bien gérer l'oïdium jusqu'à la fin du cycle ?

La lutte contre l'oïdium ne doit pas s'arrêter au critère "coût du programme"... Une étude menée conjointement par BASF et l’Institut Coopératif du Vin révèle tout l'intérêt d'une stratégie intégrant produits performants et dates d'application.

Traiter avec des produits pas chers n’est pas le plus rentable. Mais on peut traiter moins souvent, en particulier en fin de saison. Et on a trouvé un critère pour savoir dans quel cas on peut arrêter de traiter à la fermeture de la grappe.
Oidium sur grappe


L’oïdium de la vigne, maladie fongique causée par Erisyphe necator, entraîne des pertes de récolte et des défauts qualitatifs sur les raisins et les vins. On sait déjà prévoir à la vendange l’incidence de l’oïdium sur la qualité du vin. Mais que faire avant la vendange ? On cherche à réduire les traitements. Quels résultats ont les programmes mis en œuvre sur le terrain ? Existe-t-il des critères pour savoir si l’on peut arrêter un programme sans risque ou s’il faut continuer ?

Impact de l’oïdium sur la qualité des vins à la dégustation : les résultats 2013

Les vins issus de deux vendanges issus de cépage Chardonnay ont été dégustés par un jury, avec l’objectif d’établir un profil sensoriel pour chacun d’eux :


  • l’un ayant reçu une protection anti-oïdium « tôt et fort », avec 6 traitements : Kumulus® DF – Kumulus® DF - Collis® - Vivando®

  • l’autre n’ayant bénéficié d’aucun traitement (lot témoin).

Il ressort que le lot « témoin », dont les raisins étaient touchés en intensité à 93,7% d’attaque juste avant la récolte, est jugé le moins conforme, voire défectueux, par le jury de dégustation. La présence d’oïdium en forte quantité donne au vin un profil olfactif soufré-herbacé, et moins amylique et agrume que le lot « traité ». Quant à son profil gustatif, il est jugé « amer » et « séchant ».

La modalité «traitée» à base de Collis®, dont les raisins étaient très peu touchés par la maladie(0,8% d’intensité en septembre) est jugé la moins éloignée d’un Chardonnay « commercial » : son profil olfactif est le plus «complexe» et le plus «doux», son profil gustatif est le moins agressif.

Ce qu’on savait déjà

Effet sur la qualité


Les vins issus de vendanges oïdiées montrent des différences significatives dans leur composition : augmentation du pH et diminution des teneurs en acide tartrique sur les vins finis, augmentation des teneurs en polyphénols totaux, développement de composés aromatiques indésirables (composés phénolés tels l’eugénol, la zingérone et l’inconnu 198, composés herbacés type hexanal, 2-hexen-1-ol trans, heptanol ou hexanol, composés responsables des odeurs de champignon tel l’1-octen-3-ol).


L’analyse sensorielle montre un impact significatif : diminution des arômes de fruit et de confiture typiques de la variété, et augmentation des arômes soufré, herbacé, moisi, champignon, animal, nette augmentation en bouche de l’intensité tannique (ou de la rugosité sur vins blancs), et de la sécheresse, de l’astringence et de l’amertume (Rousseau et al., 2008, Stummer et al., 2005)


Grille d’évaluation du potentiel qualitatif d’une vendange à la récolte en fonction de l’importance des dégâts d’oïdium

Fréquence de grappes peu touchéesFréquence de grappes très touchéesQualité de la récolte prévue
< 5%0%Excellente
< 30%0%Bonne
Quelle que soit la fréquence de grappes peu touchées< 5%Correcte
Quelle que soit la fréquence de grappes peu touchéesentre 5 et 10%Dégradée
Quelle que soit la fréquence de grappes peu touchées> 10%Très dégradée

Une fois les seuils de tolérance de l’oïdium à la récolte définis, deux questions se posent :

  • quelles sont l’efficacité et la rentabilité de divers programmes de lutte contre l’oïdium?

  • peut-on proposer une règle de décision simple permettant d’économiser des trai tements sans mettre en péril la qualité de la protection? C’est l’objet de la suite du programme expérimental, réalisé de 2009 à 2012.

Quatre stratégies et un témoin pour du chardonnay :

  • Une stratégie «sécurité» respectant les recommandations de bonnes pratiques de lutte des notes nationales rédigées par l’iFV et les chambres d’agriculture (respect du nombre maximum de traitement par produit, alternance des familles chimiques). Elle a été testée de 2009 à 2012.

  • Une stratégie «économie» à base d’IDM au départ suivis par des interventions dites de « rattrapage » à base de meptyldinocap seul ou associé au soufre mouillable. Soyons clairs : cette stratégie ne suit pas les recommandations de bonnes pratiques de lutte ! Mais elle se veut le reflet de la pratique régionale de certains viticulteurs privilégiant la recherche d’économies sur le coût de la protection fongicide contre l’oïdium. Nous l’avons testée jusqu’en 2011 ; vu ses résultats sans appel (voir plus loin), nous n’avons pas jugé utile de la retester en 2012.

  • Une stratégie «soufre» à base exclusive de soufre (mouillable et poudrage). Elle a été testée à partir de 2010.

  • Une stratégie «raisonnée» visant à réduire le nombre d’applications par rapport à la stratégie «sécurité». Elle a été testée de 2009 à 2012.

Intensité des dégâts d’oïdium sur grappe à la véraison sur le témoin non traité selon les années.


On voit l’importance de la maladie sur chardonnay dans la région : forte intensité des dégâts dès la nouaison, trois ans sur quatre.

Efficacités comparées des programmes contre l’oïdium

Année200920112012Moyenne
Témoin, intensité65%53%73%64%
Sécurité92%93%98%94%
Raisonnée82%89%97%91%
Economique77%32% 54%
Soufre 28%98%63%

Comparaison des rendements par stratégie selon les années (base 100 = modalité sécurité)

 200920112012Moyenne
Sécurité100100100100
Raisonée1009310298
Economique7577 76
Soufre 769988
Témoin59727067

Incidence des stratégies de traitement sur les profils sensoriels des vins

 200920112012Tendance
Sécurité++++++++++++
Raisonnée++++++++++++
Economique-- -
Soufre -+++? (irrégulier)
Témoin--------

+ + + vin de qualité avec profil variétal typique ;

+ + vin de qualité avec faible typicité variétale ;

+ vin neutre, sans défaut ;

– vin présentant des défauts ;

– – vin présentant des défauts marqués).

Quel bilan économique ?

Moyenne de 2009 et 2011. Ce sont les deux années où l’on a pu comparer les trois stratégies.

Définition d’un seuil de tolérance à la fermeture de la grappe

L’analyse du suivi de l’évolution de l’oïdium montre que, là où l’oïdium entraîne des dégâts significatifs à la récolte, on avait observé très tôt les premiers dégâts. C’est ce que montre la Figure ci-dessous pour l’année 2011.


Évolution de l’oïdium dans les essais en 2011

Évolution des dégâts entre fermeture de la grappe et récolte en absence de traitement


Le suivi de l’évolution individuelle des dégâts sur des grappes marquées permet de mesurer l’évolution possible de l’oïdium entre fermeture de la grappe et la récolte, en absence de traitements (voir graphique ci-dessous). 58 % des grappes ne présentant aucun symptôme à la fermeture de la grappe n’en présenteront aucun à la récolte, et les 42% restant présentent des dégâts très limités (de 1 à 10% d’intensité). 20% des grappes présentant de l’oïdium à la fermeture, mais avec moins de 15% d’intensité, en présentent plus de 50 % à la récolte. Les grappes les plus touchées à la fermeture de la grappe (présentant 16 % ou plus d’intensité d’oïdium) évoluent en grande majorité vers des dégâts très importants à la récolte (plus de 50% d’intensité par grappe).

Seuil de tolérance de l’oïdium à la fermeture de la grappe


La prise de risque d’arrêter les traitements à partir de la fermeture de la grappe varie en fonction du degré d’attaque individuel des grappes.

  • Pour des grappes saines, le risque est très faible : si l’oïdium peut se développer jusqu’à la récolte, il n’atteint en aucun cas des dégâts préjudiciables pour la qualité.
  • Pour des grappes faiblement touchées, le risque est modéré : 20 % de ces grappes peuvent atteindre des dégâts préjudiciables pour la qualité des vins.
  • Pour des grappes très touchées, le risque est très élevé : plus de la moitié des grappes est susceptible d’évoluer vers des niveaux de dégâts préjudiciables pour la qualité. Le niveau d’oïdium qui permet de distinguer des grappes faiblement touchées de celles fortement touchées à la fermeture de la grappe correspond à une intensité de 15 % par grappe (15 % des baies d’une grappe touchées par l’oïdium).

Grille d’évaluation des risques à la fermeture de la grappe

Fréquence de grappes significativement touchée(1) à la fermetureFréquence possible de grappes très(2) touchées à la récolteNiveau de risqueDécision
0< 1%NulArrêt immédiat des traitements (- 2 T)
< 15%< 5%Acceptable à élevé selon les objectifs qualitatifsArrêt immédiat des traitements (- 2 T) ou effectuer encore un traitement (- 1 T)
> 15%5 à 10%, voire plusTrès élevé : dégâts qualitatifs à prévoir même si maintien de la protectionMaintenir la protection jusqu'à la fin véraison

(1) Plus de 15% des grains touchés. (2) Plus de 50% des grains touchés.

Seuils de nuisibilité, historique de la parcelle, date du premier traitement, qualité des produits, qualité de la pulvérisation…

Deux vignerons nous expliquent leur stratégie anti-oïdium : Bertrand Darviot, cultivant 8 ha en Bourgogne à Meursault, et Julien Grill, sur 27 ha au Mas Cristine dans les Côtes du Roussillon.

L’oïdium peut avoir des impacts quantitatifs très importants sur la récolte. Tous les symptômes sur grappe ne sont pas visibles au moment de la récolte. Les pertes totales de rendement sont donc souvent sous-estimées, selon Jacques Rousseau, du groupe ICV (Institut coopératif du vin), car elles surviennent souvent beaucoup plus tôt, juste après la floraison.

Comment lutter efficacement contre les principales maladies de la vigne - mildiou, oïdium et botrytis - en respectant les principes d'une viticulture durable ?

Nos solutions anti-oïdium de la vigne

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