Concilier désherbage d’automne et maîtrise des risques

La première règle pour se prémunir d’un risque est de bien le connaître. Un principe essentiel quand il s’agit de concilier désherbage précoce des céréales à l’automne et protection des ressources en eau.

Désherbage d’automne : risques accrus de transfert des herbicides dans l’eau

Maîtriser dès l’automne les mauvaises herbes dans ses céréales apporte d’indéniables avantages : cela permet de viser au plus tôt 100 % d’efficacité, compte tenu de certaines adventices résistantes.

Comme l’explique Hubert Vincent, responsable marketing herbicides céréales chez BASF : « Dans les situations de graminées résistantes ou face à de fortes infestations, le désherbage à l’automne est incontournable. D’une part, l’efficacité est meilleure en passant précocement sur des adventices jeunes et, d’autre part, les programmes d’automne puis sortie d’hiver permettent d’intégrer un plus grand nombre de modes d’action que des programmes de sortie d’hiver stricts ».

L’automne est cependant une période qui peut augmenter les risques de transfert des produits phytopharmaceutiques dans les ressources en eau pour plusieurs raisons :

  • les sols se gorgent d’eau,
  • les sols encore peu couverts peuvent ruisseler,
  • les nappes phréatiques se rechargent.

Pour réduire ces risques, la réglementation restreint depuis plusieurs campagnes l’utilisation de certains herbicides à l’automne. Au-delà du réglementaire, l’adaptation des programmes (doses, dates, etc.) en fonction des caractéristiques des milieux (sols, topographie, etc.), peut aussi apporter des solutions préventives.

L’automne, une période propice pour sécuriser son désherbage

En plus d’affiner ses connaissances concernant les herbicides à appliquer après le semis des céréales, le producteur doit identifier les risques de transferts propres à ses parcelles :

  • risque d’infiltration en automne/hiver,
  • risque de ruissellement par saturation,
  • composition et structure du sol,
  • position par rapport aux cours d’eau, etc.

On comprend qu’un diagnostic de la circulation de l’eau dans chaque parcelle est donc nécessaire en cas de désherbage d’automne. Il aidera le céréalier à déclencher des actions en amont des applications de produits, ou à s’adapter au moment des traitements.

Des outils de diagnostic existent, comme le service Aquaplaine® d’Arvalis-Institut du végétal. Il formalise la démarche de diagnostic des risques à l’échelle de la parcelle agricole développée dans les années 90 par le Corpen (Comité d’Orientation pour les Pratiques agricoles respectueuses de l’ENvironnement), lieu de concertation entre les officiels, les instituts et l’UIPP.

Plus récemment, le projet européen multi-acteurs Topps (Train to Promote best management Practices and Sustainability), visant à réduire les transferts de produits phytosanitaires dans les eaux, a produit plusieurs documents de vulgarisation pour mieux appréhender les facteurs de risques de ruissellement et proposer des mesures de prévention.

Bien connaître les restrictions réglementaires

Plusieurs restrictions réglementaires sont venues ces dernières campagnes bousculer l’utilisation des herbicides céréales à l’automne.

De nombreux produits à base d’isoproturon et de chlortoluron (famille des urées substituées) sont désormais concernés, soit par une interdiction totale d’utilisation sur tous les sols drainés, soit par une restriction uniquement lorsque les drains coulent.

Prendre l’habitude de lire l’étiquette de l’herbicide avant chaque intervention permet d’éviter de passer outre une éventuelle interdiction. La réglementation distingue également aujourd’hui deux types de zones non traitées à mettre en place le long des cours d’eau : les ZNT « classiques » et les ZNT avec Dispositif Végétalisé Permanent. Le type et la largeur de ces zones est spécifique au produit et précisé sur l’étiquette.

Consulter la suite du dossier :

Devenu indispensable, le désherbage automnal des céréales ne dégrade pas la qualité des eaux si le céréalier applique quelques règles de bonnes pratiques adéquates. Tel est le message que souhaite faire passer auprès de ses adhérents Caterine Deschamps, directrice agronomie et innovations d’Axéréal, via les équipes de conseillers du groupe coopératif.

François Chopart, Ingénieur technique et filière BASF Région Centre et Sylvain Coudreuse, Ingénieur conseil environnement BASF Région Ouest et Centre Ouest apportent leurs enseignements sur la problématique eau et herbicides.

En amont des applications de produits, aménager le parcellaire et travailler les sols peut prévenir fortement les ruissellements. Plus près des traitements, les bonnes pratiques achèvent de minimiser les risques de transfert d’herbicides vers les eaux.

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