Préservation de l’eau et utilisation d’herbicides : paroles des ingénieurs BASF

François Chopart, Ingénieur technique et réglementaire BASF territoire Centre-Ouest et Sylvain Coudreuse, Ingénieur conseil environnement BASF territoire Ouest et Centre-Ouest apportent leurs enseignements sur la problématique eau et herbicides.

« Se priver de certains produits ne fait que rajouter de la pression sur ceux qui deviennent les plus utilisés. »

En charge des recommandations produits sur le territoire Centre-Ouest de BASF et en lien avec les instituts techniques et organismes de conseils, François Chopart explique qu’il est essentiel de préserver toutes les solutions herbicides céréales :

« Les restrictions réglementaires et techniques des solutions herbicides vis à vis de la préservation de la ressource en eau concernent toutes les firmes et tous les produits. Car si les molécules herbicides ne sont pas toutes égales face à la problématique eau, l’heure n’est pas à l’opposition entre les différents produits mais plutôt à la préservation d’un plus grand nombre de solutions de désherbage. Les urées substituées sont sans doute plus fragiles vis à vis de la ressource en eau, mais les restrictions réglementaires qu’elles subissent peuvent demain concerner d’autres substances actives.

Se priver de certains produits ne fait par ailleurs que rajouter de la pression sur ceux qui restent. Car les herbicides les plus utilisés sont aussi ceux qu’on retrouvera plus fréquemment dans les eaux demain. De plus, en désherbage, même le meilleur des produits ne sera jamais efficace à 100 % et devra toujours être accompagné d’une autre molécule pour compléter son action. Or, la recherche du 100 % est aujourd’hui obligatoire face aux difficultés de maîtrise des adventices dans les céréales. Nous devons donc compléter nos molécules avec d’autres, en association ou en programme. On ne doit pas parler de bonne ou de mauvaise solution, mais il faut savoir prendre en compte les risques associés et apprendre à les gérer.

Les limites de quantification sont de toute façon de plus en plus basses, ce qui rend visible des transferts de plus en plus faibles. On ne peut que mettre en œuvre tout ce qui est possible pour empêcher les aberrations et limiter les transferts les plus critiques. Et c’est un gros travail mené par l’ensemble des partenaires, firmes, instituts et distributeurs. »


« Bien connaître le type de sol de sa zone pour mieux définir les risques de transfert associés à la parcelle »

Interlocuteur privilégié des responsables environnement de la distribution agricole et des acteurs de la gestion de l’eau, Sylvain Coudreuse estime que les sols hydromorphes concentrent la majorité des risques lors des désherbages d'automne :

« A l’automne, le risque de transfert des molécules herbicides dans les eaux concerne avant tout les parcelles hydromorphes. Ces terrains, drainés ou non, peuvent représenter jusqu’à la moitié des parcelles dans certaines zones. Même si le risque zéro n’existe pas, on peut chercher à minimiser les transferts en traitant le plus loin possible de la période où les drains commencent à couler, c’est à dire avant ou après que les sols soient saturés en eau.

Cette précaution, associée à la nécessité de désherber au plus tôt pour des raisons d’efficacité, entraîne alors des conseils de désherbage très précoce, c’est à dire plutôt en post-semis pré-levée des céréales. Le technicien doit donc avant tout connaître les types de sol du céréalier qu’il conseille pour lui indiquer les types de risque de transfert des herbicides dans l’eau et les bons réflexes à adopter. Car d’autres cas de figure peuvent présenter un risque : des sols très argileux peuvent par exemple présenter des fentes de retrait créées par une fin d’été très sèche : ces «drains» naturels sur les trente premiers centimètres du sol, lorsqu’ils ne sont pas détruits par un travail du sol suffisamment profond favorisent les transferts si l’agriculteur désherbe aussitôt après le semis et qu’un orage se produit dans la foulée. Le conseiller peut s’aider d’outils de diagnostic pour mieux définir le risque de transfert associé à la parcelle.

Mais une connaissance générale des types de sol de la région peut suffire à mieux orienter le céréalier sur ses pratiques. La connaissance pointue de la réglementation en la matière est aussi indispensable sachant qu’elle est en évolution régulière. »

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Devenu indispensable, le désherbage automnal des céréales ne dégrade pas la qualité des eaux si le céréalier applique quelques règles de bonnes pratiques adéquates. Tel est le message que souhaite faire passer auprès de ses adhérents Caterine Deschamps, directrice agronomie et innovations d’Axéréal, via les équipes de conseillers du groupe coopératif.

La première règle pour se prémunir d’un risque est de bien le connaître. Un principe essentiel quand il s’agit de concilier désherbage précoce des céréales à l’automne et protection des ressources en eau.

En amont des applications de produits, aménager le parcellaire et travailler les sols peut prévenir fortement les ruissellements. Plus près des traitements, les bonnes pratiques achèvent de minimiser les risques de transfert d’herbicides vers les eaux.

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