Bien diagnostiquer et traiter pour limiter les ruissellements en désherbage d’automne
En amont des applications de produits, aménager le parcellaire et travailler les sols peut prévenir fortement les ruissellements. Plus près des traitements, les bonnes pratiques achèvent de minimiser les risques de transfert d’herbicides vers les eaux.
Aménagement de parcelle pour limiter les ruissellements
Pour lutter contre le ruissellement potentiel de produits phytosanitaires vers les eaux de surface ou vers les eaux souterraines, le céréalier peut en premier lieu intervenir sur des aménagements en dehors de la zone cultivée :
- mettre en place des dispositifs végétalisés comme des bandes enherbées ou des zones arbustives, protections autour des zones d’infiltration/dolines/ bétoires (exemples : fascines, haies, etc.)
- raisonner la dimension des parcelles selon les sols et les longueurs de pentes.
Travailler le sol pour prévenir les transferts de produits phytosanitaires dans les ressources d’eau
Au sein même de ses parcelles, le céréalier peut faire appel à des leviers agronomiques adaptés en fonction des types de sol :
- l’apport de matière organique réduit fortement la battance de sols qui en sont trop dépourvus,
- le travail simplifié du sol en surface peut améliorer sa structure,
- sur les terres argileuses, parfois sèches en début d’automne, un travail du sol en surface va refermer les éventuelles fentes de retrait qui sont des voies de transfert rapide des produits vers les eaux souterraines.
En prévision des pluies d’automne, l’agriculteur doit chercher à limiter la saturation et la formation de circuits préférentiels de l’eau. Il peut réaliser un sous solage, qui favorisera l’infiltration en profondeur, ou il peut travailler ses sols en suivant les courbes de niveau. Il veillera enfin à limiter les tassements liés aux traces de roues et aux opérations de récoltes.
Estimer le remplissage de la réserve utile
Quelle que soit la saison, l’application de tout herbicide nécessite par ailleurs de respecter des règles de bonnes pratiques pour éviter la dérive des produits phytopharmaceutiques pulvérisés :
- ne traiter qu’en conditions météorologiques favorables
- éviter les traitements si des précipitations fortes sont annoncées dans les heures et les quelques jours qui suivent.
Cependant, en automne, le céréalier doit suivre attentivement le remplissage de la réserve utile de ses sols pour appliquer les produits bien avant que la capacité approche de son maximum.
Comme l’indique Isabelle De Paepe, responsable environnement chez BASF : « Statistiquement sur la France, deux années sur dix, la réserve utile de la plupart des sols est remplie à 80-85 % autour du 15 novembre. Au printemps, sa vidange commence autour du 15 mars. »
« Il y a des fortes variation locales. L’idéal est de piloter la date d’arrêt d’application de produits en fonction de données météorologiques locales et en fonction de la réserve utile de chaque parcelle. Ceci nécessite des approches locales qui ont déjà été testées et qui tendent à se développer », témoigne Caterine Deschamps, directrice agronomie et innovations du groupe coopératif Axéréal.
« Un grand principe à respecter est de ne jamais traiter quand la réserve utile du sol termine son remplissage », renchérit Isabelle De Paepe. Sur les parcelles drainées, le producteur doit à minima vérifier que les drains ne coulent pas.