« Vendanges 2022, des pertes de rendement de 0 à -40 %, mais une excellente qualité »

Encore une année atypique dans le sud-est de la France pour la vigne, avec une quasi-absence d’eau d’avril à fin août. Résultats, pas de mildiou mais une pression précoce et très forte de l’oïdium, une présence importante de tordeuses de la grappe et une extension des territoires concernés par Cryptobables. Les vendanges qui ont battu des records de précocité, se sont terminées avec des rendements hétérogènes, mais des Millésimes qui s’annoncent très prometteurs. Gilles Le Fur fait le point pour nous.

Que retiendrons-nous de 2022 pour la vigne, dans le sud-est de la France ?

2022 a été une nouvelle année très atypique. Elle a démarré par un retard de végétation car le mois d’avril a été plus frais que d’habitude. En mai, la chaleur est revenue, et la vigne a pu rattraper son retard. Nous avons échappé au gel cette année, et connu peu d’épisodes de grêles. Le fait le plus marquant de l’année a été la quasi-absence d’eau d’avril à fin août et de très fortes chaleurs pendant tout l’été. Certaines parcelles, notamment en Provence Alpes Côte d’Azur, n’ont pas eu une seule goutte d’eau jusqu’aux vendanges. Le Languedoc Roussillon a bénéficié de quelques orages, mais pas partout.

Quelles ont été les conséquences de la sécheresse sur les maladies et les ravageurs ?

La pression mildiou est restée très faible, nous avons eu très peu de contaminations. L’oïdium a en revanche été favorisé par l’absence de pluies avec une pression précoce et très forte. Les températures élevées favorisent la multiplication des cycles de l’oïdium et même les températures de plus de 40°C n’ont pas freiné le développement du champignon.

Comme le mildiou, le black-rot a été peu présent si ce n’est dans des parcelles où il est historiquement présent. On a noté des symptômes sur feuilles mais le champignon n’est pas passé sur grappes. La pression des tordeuses de la grappe a été quant-à-elle assez forte, aussi bien dans le Languedoc Roussillon qu’en Provence Alpes Côte d’Azur, avec une première génération importante, une 2ème génération, aussi forte, et une 3ème, plus irrégulière. La pyrale de la vigne Cryptobables gnidiella a également étendu son territoire.

Comment se sont déroulées les vendanges ?

Nous avons battu des records de précocité avec les vendanges des premiers Muscats dans les Pyrénées Orientales, tout début août, et elles se sont déroulées dans de très bonnes conditions. La sécheresse a impacté les rendements avec des baies de petite taille là où il n’a pas plu, et des pertes de volumes qui vont de 0 à –40 % ! Mais bonne nouvelle, nous nous orientons vers d’excellents Millésimes sur le plan potentiel qualitatif.

Quel bilan tirer de 2022 sur le plan de la protection sanitaire ?

Les viticulteurs ont réduit le nombre de traitements dans les programmes et sont passés à trois ou quatre contre le mildiou, cuivre compris, et à entre 4 et 6, contre l’oïdium. Conséquences, l’oïdium n’a pas été parfaitement maîtrisé partout, avec compte tenu de la pression, des dégâts apparents et des conséquences sur le potentiel de qualité. Globalement, la confusion sexuelle a plutôt bien fonctionné et dans quelques parcelles, il a fallu intervenir avec un insecticide en complément. Dans l’ensemble, les vendanges sont très saines.

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