« Le gel exceptionnel du printemps a impacté les volumes, mais la qualité sera bonne cette année »
27.10.2021
« Le gel exceptionnel du printemps a impacté les volumes, mais la qualité sera bonne cette année »
Du gel, du sec, du froid, beaucoup d’eau, un peu de grêle, du mildiou, de l’oïdium … l’année 2021 restera dans la mémoire des viticulteurs de l’ouest de la France, pour sa météo très capricieuse, une forte pression maladies, des volumes à la récolte en recul, mais des vendanges de qualité. Retour avec Christian Jacob, sur une saison qui a éprouvé les vignerons.
Que retiendrons-nous de 2021 pour la vigne, dans l’ouest de la France ?
Les viticulteurs ont tout connu cette année, un gel exceptionnel du 6 au 8 avril, une période de sécheresse, des températures très froides, puis de l’eau, beaucoup d’eau et localement de la grêle. La météo a vraiment été très capricieuse cette année. Résultat, 70 à 80 % des parcelles de muscadet ont gelé. Les autres vignobles du Val de Loire ont aussi été touchés, mais de façon moins importante au fur et à mesure que l’on se déplace vers l’est. Les Charentes ont aussi été concernées avec des pertes de rendement liées au gel, estimées à 15 %. Ce sont ensuite le mildiou et l’oïdium qui sont venus jouer les trouble-fêtes.
Quelle a été l’impact des maladies cette année ?
Le mildiou est arrivé à partir du mois de juin avec le retour de la pluie juste avant la floraison. La maladie a provoqué des dégâts plus ou moins importants selon les parcelles. Les viticulteurs s’étaient bien préparés et ont dans l’ensemble bien maîtrisé les attaques aussi bien dans le Val de Loire qu’en Charentes.
L’oïdium est ensuite monté en puissance très rapidement dans la Val de Loire, en juillet, à une période où on ne l’attendait pas, et il a surpris beaucoup de viticulteurs. Deux explications à cela, la qualité de la pulvérisation reste perfectible dans bien des cas et en mai, il a fait sec, les viticulteurs ne se sont pas précipités pour intervenir. Sans protection, l’oïdium s’est installé discrètement, à la faveur d’une simple rosée, et il s’est déclaré beaucoup plus tard dans des parcelles où il n’y en avait pas eu depuis plusieurs années, sur muscadet, chenin ou cabernet notamment.
En Charentes, c’est le botrytis qui s’est manifesté, en fin de cycle, avec plus de peur que de mal, car le temps est rapidement revenu au beau avant les vendanges. Comme depuis deux ou trois ans, la pression vers de grappe est restée très faible.
Comment se sont déroulées les vendanges ?
Elles ont été plus tardives que ces quatre ou cinq dernières années et sont très hétérogènes, y compris dans un même secteur. En Charentes, elles ont démarré fin septembre et devraient se terminer vers le 20 octobre. Le rendement est plus faible que ce que l’interprofession attendait, autour de 10 hl/ha d’alcool pur, contre 14,5 hl/ha fixé par l’AOC Cognac. Dans le Val de Loire, c’est le muscadet qui a été le plus impacté par le gel, avec un rendement moyen de 10 à 15 hl/ha, mais la qualité est bonne. En Anjou et dans le reste du Val de Loire, les rendements sont en moyenne de 30 % inférieurs à la moyenne des dernières années avec une grande hétérogénéité, selon les secteurs.
Quelle stratégie de protection fallait-il adopter cette année ?
Le mildiou a en général été bien contrôlé avec les produits les plus performants comme Futura® et Enervin® positionnés au bon moment, c’est-à-dire en encadrement de floraison, au moment où la vigne est la plus sensible aux maladies. Il faut aussi adapter les cadences de renouvellement des traitements à la pression de l’année. Et en 2021, des situations d’échec contre le mildiou s’expliquent par l’impossibilité de rentrer dans les parcelles à cause des pluies incessantes.
Cela étant dit, c’est surtout l’oïdium qui n’a pas été bien maîtrisé cette année. Il est important de rappeler que même lorsque les conditions climatiques semblent moins favorables à la maladie, il faut rester sur une protection précoce pour limiter l’installation du champignon, et intervenir avec des produits qui présentent une bonne efficacité contre l’oïdium comme Vivando® . Les techniciens en sont conscients et en 2022, ils sensibiliseront les viticulteurs au risque oïdium de façon plus précoce.