« Oui, il est possible de favoriser le développement des insectes auxiliaires de la vigne ! »
Ingénieur Conseil Environnement, Valérie Joulia-Guignard a supervisé pour la moitié sud de la France l’étude menée pendant trois ans par BASF pour évaluer l’effet de la lutte par confusion sexuelle sur l’entomofaune auxiliaire de la vigne. Elle nous en présente les enjeux et les premiers enseignements.
Quel était l’objectif de cette étude ?
Notre démarche s’inscrit dans la dynamique de la viticulture durable. L’étude poursuivait deux objectifs. D’une part, nous voulions vérifier de façon scientifique que la protection d’un vignoble par confusion sexuelle – avec notre solution Rak ®, en l’occurrence – permet de favoriser l’entomofaune auxiliaire. C’est-à-dire les insectes qui rendent des services au viticulteur, en particulier les prédateurs et les parasitoïdes des ravageurs de la vigne. D’autre part, nous voulions mesurer l’effet du paysage – haies, jachères, enherbement… – sur ces auxiliaires.
Comment avez-vous procédé ?
Avec l’aide d’une entomologiste, nous avons effectué, de juin à septembre, des collectes et des comptages d’insectes dans différents types de parcelles : des parcelles avec des Rak® pour lutter contre les tordeuses, en protection conventionnelle ou en agriculture biologique, enherbée ou non, environnée ou non de haies, etc. Ce protocole nous a permis de mesurer l’impact des différents paramètres sur la population d’auxiliaires. Et cela dans chacune des régions étudiées.
Et vous en avez trouvé beaucoup, des insectes ?
Plutôt ! Au total, nous avons observé 25 363 individus et avons identifié 197 familles et près de 800 espèces différentes. Parmi elles, 85% sont des auxiliaires de la vigne et beaucoup sont intéressants contre les tordeuses de la grappe , premiers ravageurs de la vigne.
Quels enseignements tirez-vous de ces observations ?
On constate une différence significative entre les parcelles sous Rak® et les parcelles de référence, traitées de façon conventionnelle ou en agriculture biologique, aussi bien en termes d’abondance que de diversité. De la même façon, on observe une amélioration quantitative et qualitative de la biodiversité lorsque des infrastructures agroécologiques – haies, jachères, enherbement de l’interrang… – se trouvent à proximité des vignes. Par exemple, sur une parcelle située dans le vignoble du Médoc, en Rak® depuis plus de vingt ans, nous avons observé une abondance de carabes dorés, excellents indicateurs de la qualité d'un milieu naturel.
Les viticulteurs sont-ils intéressés par les résultats de l’étude ?
Bien sûr ! Lorsque nous les avons présentés aux viticulteurs partenaires de l'étude, une viticultrice s'est exclamée : « Je suis heureuse de voir que nos vignes sont riches de biodiversité ! » Redonner de la fierté aux viticulteurs, si souvent mis sur la sellette, est une grande source de satisfaction pour moi. Nous le constatons aussi chaque fois que nous menons des actions pour les sensibiliser à l’intérêt de la biodiversité. Nous organisons ainsi des visites « bout de vigne », qui permettent aux viticulteurs de rencontrer l'entomologiste et d’apprendre à reconnaître les auxiliaires de la vigne. A la fin de la journée, ils ne voient plus les araignées et les faucheux de la même façon ! Ces rencontres sont pour nous l’occasion de donner des conseils pour favoriser le développement des auxiliaires. Par exemple, par la création d’infrastructures agroécologiques : plantation de haies, enherbement des tournières et de l’interrang, etc. Autant d’actions qui s’inscrivent dans le programme Biodivers’ID que nous menons depuis 2012 avec nos partenaires.